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         On néglige parfois certaines solutions, qui paraissent trop simples ! Pensons à Naaman le Syrien…Or l’Église met à la disposition de ses fils qui veulent agir dans la société un moyen très simple pour les y aider : l’adoubement liturgique, ou benedictio novi militis (bénédiction du nouveau soldat). Nous sommes- régulièrement vaincus par les forces des ténèbres : utilisons les armes de lumière.

            L’adoubement fait le chevalier. C’est un héritage quadrimillénaire, que chaque époque et chaque peuple a enrichi. Il y a quatre mille ans un petit peuple, habitant les steppes à l’Ouest du Sud de l’Oural, a domestiqué le cheval : à l’origine des Indoeuropéens, ces gens ont connu une formidable expansion. Chez eux le cheval est un symbole fort : celui qui le possède a un statut à part, une responsabilité envers sa communauté.

            Les Grecs y ajoutent la force, les Gaulois le courage, les Romains l’ordre, etc. Surtout les Germains apportent le rite de l’adoubement : on remet solennellement ses armes au jeune guerrier : le pouvoir qu’il détient est au service du bien de sa communauté.

            Chez les indoeuropéens le prêtre a le pouvoir, non le chef guerrier. Quand le clergé mérovingien élabore un code d’honneur du guerrier, quand le Pape envoie en Croisade, on est dans cette tradition. Philippe le Bel renverse l’ordre : il veut le pouvoir indépendamment du Pape, mais les rois ayant besoin du « nerf de la guerre », le pouvoir passe au financier.

            Néanmoins entretemps l’Église a instauré le rite de l’adoubement liturgique. Vers l’an Mil on ne bénit plus seulement l’épée, mais le guerrier. Au douzième siècle le rite prend la forme dans laquelle il est inséré dans le Pontifical Romain.

            Cette benedictio novi militis répond à la définition d’un sacramental, selon le catéchisme de l’Église catholique. Ce sacramental confère la mission d’élargir ici-bas les frontières du royaume de Dieu et la grâce de se sanctifier en accomplissant cette mission.

            Qu’est-ce à dire ? Il ne s’agit pas de convertir par la force, c’est une contradiction dans les termes : Dieu est amour, c’est dans l’amour qu’on s’unit à Lui, à son initiative ; mais s’unir à Dieu est un devoir : le premier commandement est valable pour tous. Les laïcs, selon leur vocation propre, doivent faire que rien dans les institutions, la culture, ou l’espace public, ne vienne contrarier ceux qui cherchent Dieu ; et que l’Église soit libre d’évangéliser.

            Ainsi il faudrait que tout homme qui veut s’engager pour le bien des gens et des communautés naturelles postule pour l’adoubement : qu’il ait l’aptitude à diriger au moins un petit groupe, une culture suffisante pour pouvoir parrainer et former un futur chevalier, et une forte vie de prière.

            Les femmes ont leur place dans ce combat, différente de celle des hommes. Leur combat pour la vie, notamment, se situera d’autant mieux dans le prolongement de la grâce de l’adoubement que leur communauté comptera davantage de chevaliers. Qu’elles encouragent donc leurs maris et leurs fils dans cette voie. Dans le mariage chacun doit s’efforcer de distinguer la volonté de Dieu sur son conjoint, afin de mieux l’aider à l’accomplir. Si un homme a la vocation chevaleresque, ce serait un péché grave pour une épouse que de l’en détourner.

                                                                                   Abbé Bernard Pellabeuf

Voir aussi sur ce thème : Histoire de la spiritualité chevaleresque

Et en plus : Dévotion mariale et chevalerie

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