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Catéchèse sur le mariage

(Cette cathéchèse est basée sur une phrase, "Je me donne à toi", qui a disparu de la dernière édition du rituel. Or elle ne peut être considérée comme fausse, puisque l'Eglise l'a utilisée. Sans doute a-t-on craint qu'elle soit mal comprise, mais justement je pense expliquer comment elle doit être comprise. Peut-être aussi certains la jugent-elle dangereuse, mais à mon avis ceux-là méconnaissent l'importance de la chair, non moins créée par Dieu que l'âme.)

 

 

PLAIDOYER POUR UNE CATECHESE, DÉS L’ENFANCE, SUR LE MARIAGE

 

Question d’âge ?

            Parler du mariage au catéchisme surprendra beaucoup de monde. Ce n’est pas de leur âge, dira-t-on, ni dans leurs centres d’intérêts. Et comme beaucoup pensent que le catéchisme consiste à « faire vivre quelque chose aux enfants », ils ne voient pas comment aborder le mariage avant l’adolescence.

            Or s’il est vrai que les connaissances doivent être acquises au catéchisme de façon vitale, elles doivent aussi être emmagasinées de telle sorte qu’elles servent de base à la réflexion durant toute la vie. Car la meilleure formation permanente porte des fruits sur la base d’une culture initiale équilibrée. Et trop souvent les études puis les activités de l’âge adulte ne permettent pas de consacrer suffisamment de temps à la formation chrétienne. La préparation au mariage gagnera en profondeur si elle a été amorcée dans l’enfance.

Une question vitale dés l’enfance.

            De plus on ne peut affirmer que le mariage n’est pas connu des enfants: ils ont l’exemple - ou trop souvent le contre-exemple - de leur famille, et il faut beaucoup de délicatesse pour les aider à ne pas juger les personnes mais à comprendre comment ils pourront éviter les écueils pour leur compte personnel. Une bonne catéchèse peut aider considérablement les enfants blessés par les ruptures familiales à surmonter leur handicap.

            Et même si les enfants ne pouvaient pas être amenés à réfléchir sur le mariage comme le sacrement qui constitue la famille, ils entendent parler de la sexualité de toutes sortes de manières. Et si l’on veut éviter que leur pureté soit emportée par tout ce que les sociétés perverties présentent à leurs regards, il faut très tôt leur faire comprendre que la sexualité est une orientation à l’autre, par laquelle on est orienté au Tout-Autre qui est Dieu.

Deux approches successives.

            Aussi on peut proposer de distinguer deux approches pour aborder le mariage: la première est utile pour les enfants jusqu’à dix ans inclusivement; en partant de l’attrait qu’exerce immanquablement la famille sur tout être qui aspire à être aimé par ceux qui le connaissent et avec qui il vit. Il faut montrer comment la famille est le fruit du baptême, comment la vie chrétienne permet de transfigurer les relations de tous les jours.

            La seconde peut être abordée à partir de onze ans, mais le présent exposé peut être utilisé pour les adultes qui se préparent au mariage. Cependant on ne fera bien la catéchèse aux enfants et aux préadolescents qu’à condition de poser les fondements de leur foi et de leur vie chrétienne de l’âge adulte. Les catéchistes auront donc tout intérêt à faire leurs les préoccupations des groupes de préparation au mariage.

 

 

  1. SAINTETE DE LA FAMILLE

 

Nature et surnature

            Sauf exception, les enfants de dix ans et moins se sentent bien à la maison. C’est là qu’ils sont le plus à l’aise. En fait, toute la vie paraît n’être qu’une tentative de reconstituer l’atmosphère connue dans l’enfance en famille. Dans les époques troublées soit pour chaque individu, soit pour les sociétés entières, on se retourne vers les « valeurs » familiales. La raison en est simple: l’enfant est naturellement aimé, et il le sent.

            C’est sur cette base que peut se faire la première catéchèse sur le mariage. Il faut présenter le bonheur familial comme le fruit des dispositions de la nature humaine telle qu’elle a été créée par Dieu, et des dispositions surnaturelles fournies par la rédemption.

            Une objection surviendra immédiatement: pour les enfants qui souffrent d’une situation familiale anormale, cela ne va pas de soi. Il faut du tact pour faire saisir que justement Jésus est venu pour réparer ce que les hommes font mal. Se sentir bien en famille est un bon départ pour se sentir enfant de Dieu. Mais se savoir enfant de Dieu est le meilleur remède aux situations d’échec.

            En grandissant, l’enfant comprend qu’il aura à agir pour le vrai bien de la famille qu’il fondera. Ainsi il voit que ce qui peut avoir été perdu pour lui ne l’est pas définitivement.

 

Le lieu de l’amour

            Peut-on changer de père ou de mère? Peut-on changer de frère ou de sœur? L’enfant en prend facilement conscience: les liens familiaux durent toujours. Les efforts qu’on l’invite à faire pour aimer ses proches auront des conséquences pour toute sa vie. Cet amour des membres de la famille est l’extension de l’amour du père et de la mère.

            On peut donc dire aux enfants que tout ce qu’ils souhaitent recevoir dans leur famille vient de l’amour de leurs parents pour Dieu qui s’exprime dans leur amour réciproque. Dés lors, pour profiter de la vie familiale, l’enfant doit à son tour entrer dans l’amour pour Dieu. Le fondement surnaturel de ce don de l’amour est le sacrement du mariage.

            L’enfant doit savoir que ses parents se sont engagés, devant Dieu et avec son aide, à rester unis dans l’amour: on ne change pas plus de conjoint qu’on ne change de parents. On ne change pas non plus de Dieu. La famille est le lieu où l’on apprend le véritable amour: celui qui est construit, travaillé, dans la durée.

 

Le lieu de la prière

            C’est dans la prière en famille que tout cela s’apprend. Il faudrait supplier les parents de prier avec leurs enfants. La famille est appelée « Eglise domestique », c’est à dire « Eglise de la maison ». C’est là qu’on fait l’apprentissage de l’amour de Dieu. Si l’enfant est tourné par ses parents vers Dieu, il sent que leur amour est désintéressé, il n’est pas une façon de le dominer.

            Il n’y a pas d’Eglise sans prêtre. Le prêtre de l’Eglise domestique, c’est le père. Il tient dans la famille la place du Christ, époux et tête de l’Eglise. Ce rôle doit être visible pour les enfants. C’est au père qu’il revient en priorité de bénir la table, de bénir ses enfants et même son épouse le soir. Cela lui est donné par la grâce du sacrement de mariage. C’est la façon propre du père de famille d’exercer son « sacerdoce des fidèles ».

            Le rôle de la mère n’est pas négligeable pour autant. Plus que le père, elle a une familiarité avec les enfants qu’elle a portés. Plus que le père, elle est capable de faire sentir la tendresse de Dieu. C’est à elle qu’il revient en priorité de tourner l’amour des enfants vers Dieu. En s’effaçant ainsi devant Dieu dans le coeur de ses enfants, elle leur apprend le désintéressement, le don de soi.

            On voit que les catéchistes sont pratiquement sans pouvoir dans ce domaine. Du moins qu’on s’efforce d’avoir dans le groupe une ambiance familiale jusque dans la prière. Et qu’on fasse sentir aux parents l’urgence et l’intérêt qu’il y a à « investir » dans ce domaine.

 

La Sainte Famille

            La meilleure façon de faire comprendre ces choses aux enfants est de leur montrer l’exemple de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. On croit à tort que ces personnes exceptionnelles ont eu une expérience hors de notre portée. Qu’on se souvienne simplement que si Jésus est vraiment homme, il a eu besoin d’être éduqué.

            Le Fils de Dieu sait tout, le fils de la Vierge Marie doit tout apprendre: ce n’est pas le moindre paradoxe de l’incarnation! En Jésus, il n’y a pas de système automatique de « vases communicants » entre sa connaissance divine et sa connaissance humaine.

            Dés lors, les exemples que nous donnent les parents de Jésus sont déterminants pour notre propre vie. Les scènes de Noël, de la fuite en Egypte, de Jésus au Temple sont déterminantes pour notre façon de parler de la famille. Et les enfants y sont extrêmement sensibles.

 

Un exercice

            Le Psaume 128 parle de la vie de famille sous le regard de Dieu, mais du seul point de vue du père :

            Heureux l’homme qui craint le Seigneur,

            qui marche dans ses voies.

            Tu mangeras le fruit du travail de tes mains,

            Tu es heureux et pour toi tout sera bien.

            Ta femme sera comme une vigne fructueuse,

            dans les murs de ta maison;

            Tes fils comme des plans d’oliviers

            tout autour de ta table.

            C’est ainsi que sera béni l’homme

            qui craint le Seigneur.

            Que le Seigneur te bénisse de Sion,

            Puisses-tu voir le bien de Jérusalem

            tous les jours de ta vie;

            et voir les fils de tes fils.

            Paix sur Israël.

            On peut demander aux enfants de le mettre au féminin. Les garçons, vers dix ou onze ans, vont en faire un simple exercice grammatical. Mais les filles comprennent en général très bien qu’il s’agit de tout autre chose. Ainsi la fille d’une divorcée non remariée a écrit un jour: « son mari lui sera fidèle. » Comme quoi il ne faut pas hésiter à présenter - avec douceur - toutes les exigences du mariage chrétien: c’est une libération pour les enfants.

 

 

  1. LE DON, AU BAPTEME ET AU MARIAGE

 

La cérémonie du mariage

            Pour commencer à parler du sacrement de mariage à des enfants de onze ans et plus, on peut partir d’une phrase du rituel. On demande aux enfants s’ils se souviennent d’avoir assisté à un mariage et s’ils ont entendu les fiancés dire: « Je me donne à toi ». On a rarement une réponse positive, du moins peut-on leur dire d’y faire attention s’ils ont l’occasion de voir une cérémonie de mariage.

            Cette petite phrase résume l’essentiel, elle est le cœur de l’échange des consentements. Elle avait été introduite dans le rituel en France au Moyen-Âge, puis avait été oubliée quand les rituels romains se sont imposés partout, après le Concile de Trente, avec l’appui de l’imprimerie. Ce dialogue est préférable à la formule où les nouveaux époux répondent « oui » au prêtre qui les interroge d’une simple phrase. Du moins, on devrait alors introduire cette idée de donation de soi-même dans les questions du prêtre.

            On rappelle alors aux enfants que dés le baptême on est donné à Dieu, on lui appartient totalement. Or peut-on donner quelque chose dont on n’est pas propriétaire? Comment les fiancés peuvent-ils dire: « Je me donne à toi », alors qu’ils appartiennent à Dieu?

            Les enfants ne trouvent pas la réponse, mais ils comprennent quand on leur dit que dans le sacrement du mariage, on se donne à l’autre pour se donner à Dieu. On peut dire: « Je me donne à toi », parce que Dieu a disposé que l’époux le représenterait pour l’épouse, et l’épouse pour l’époux. En d’autres termes, dans le sacrement du mariage on se donne à son conjoint pour se donner à Dieu.

 

Représenter Dieu

            Il faut remarque que les époux représentent Dieu l’un pour l’autre de deux façons différentes. Saint Paul dit que l’époux représente le Christ, l’épouse représentant l’Eglise. Mais ce qui est frappant c’est que ce don est total, comme celui du baptême. Toute catéchèse sur le mariage doit se faire en fonction du baptême. Le Christ nous dit: « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. » Dans le sacrement du mariage, on voit bien que cela s’applique de façon particulière.

            Dieu se fait représenter dans l’ordre des sacrements de différentes façons: ainsi le prêtre représente le Christ qui est tête et époux de l’Eglise. C’est l’une des plus grandes différences entre le catholicisme et le protestantisme: la façon dont le prochain représente le Christ est diverse pour les catholiques, mais semble uniforme pour les protestants. Peut-être est-ce la raison pour laquelle les protestants ne reconnaissent pas le mariage comme un sacrement.

 

Union charnelle et sacrement

            Dans l’Ancien Testament, on parle souvent de l’idolâtrie en termes d’adultère, et inversement. On sent bien que dans la pensée de certains prophètes, l’union du mariage est assimilée à un culte.

            Beaucoup de jeunes affirment volontiers que dans cette union ils appartiennent totalement à l’autre. On ne doit pas sous-estimer la chair. Elle est créée par Dieu. Elle est le lieu du don total de soi. C’est corps et âme que l’on se donne à Dieu. On voit combien se trompent ceux qui accusent l’Eglise de mépriser la sexualité. Ce sont eux qui la rabaissent en la considérant comme un jouet.

 

Les ministres du sacrement

            Puisque les époux se donnent l’un à l’autre, il est logique de considérer qu’ils sont eux-mêmes les ministres du sacrement du mariage. On entend dire parfois qu’ils se donnent le sacrement l’un à l’autre. C’est inexact. En fait, c’est toujours Dieu qui donne un sacrement. Le ministre n’est que le serviteur de ce don. Si bien qu’en se mariant, les époux se mettent au service de Dieu dans leur don réciproque.

            Ainsi les communautés chrétiennes sans prêtre ne sont pas plus privées du sacrement du mariage que du baptême. D’où une situation paradoxale: les protestants ne reconnaissent pas le mariage comme un sacrement, mais l’Eglise considère la cérémonie au temple comme un mariage valide pour tout baptisé (à quelques conditions toutefois).

 

 

III. UNION DE DEUX PERSONNALITES

 

Quand le conjoint vous transforme

            Si l’union du mariage est premièrement perçue comme charnelle, on doit insister sur les aspects psychologiques et spirituels. Se donner à l’autre, ce n’est pas seulement lui donner son corps, c’est avant tout lui donner son âme.

            Dire « Je me donne à toi » signifie aussi: « fais de ma personnalité ce que tu voudras. » Les époux - et déjà les fiancés - le disent volontiers: ils sont conscients d’avoir beaucoup changé depuis qu’ils se connaissent. Et ils sont heureux de ce changement, parce qu’il se fait selon ce qui plaît à celui ou celle qu’ils aiment.

            Ici on peut faire une remarque. L’épouse fait beaucoup plus changer son époux que l’inverse. Observez où les couples âgés se retirent: quand les familles des deux époux ne sont pas de la même région, ils vont plutôt du côté de la famille de l’épouse. C’est si vrai qu’en certaines régions de l’Afrique, des familles qui n’ont pas de quoi faire étudier tous leurs enfants paient les études de préférence à leurs filles: ils peuvent attendre plus sûrement un retour sur ce qu’ils considèrent comme un investissement.

            Cette disparité entre l’homme et la femme s’ajoute à la prédominance de la mère dans l’éducation de la petite enfance, la plus fondamentale. Cela permet sans doute de revaloriser l’équilibre traditionnel des rôles du père et de la mère dans la famille occidentale. Les décisions peuvent être prises en définitive par le père, parce que la mère a déjà fait tout ce qu’il faut pour que cela aille dans son sens. Ce que pressent la femme, l’homme l’exprime. Sinon, le mari n’est qu’un jouet.

            On n’a pas besoin, évidemment, d’entrer dans tous ces détails avec les enfants. Il suffit de leur faire remarquer que dans leurs amitiés, ils font tout pour plaire à leur ami. Et que cela, à la longue, finit par leur donner des goûts nouveaux, auxquels ils n’auraient pas pensé d’eux-mêmes. Ils peuvent bien comprendre que la même chose, en plus profond, se passe ente les parents.

 

Quand Dieu nous transforme

            Cette transformation de soi-même par le conjoint doit absolument être acceptée consciemment. Car elle est l’image, le symbole actif, du fait qu’on accepte d’être transformé par Dieu. L’être humain a besoin de se laisser transformer par Dieu.

            D’abord Dieu seul peut nous guérir, jusqu’au fond de notre personnalité, des séquelles du péché originel. Mais de toute façon, dans le plan créateur de Dieu, l’homme n’est pas un être tout fait dés sa naissance, il est en devenir. Et ce devenir doit être guidé par Dieu pour que nous atteignons la pleine maturité de notre vocation personnelle.

Faire de son conjoint ce que Dieu en attend.

            C’est à ce niveau que l’on doit comprendre l’expression: « Je me donne à toi (pour me donner à Dieu) ». En d’autres termes, se donner à son conjoint c'est lui dire: « C’est toi que je choisis pour saisir ce que Dieu attend de moi et pour me le faire atteindre. » Il ne s’agit pas d’un chèque en blanc. Le souci d’aider l’autre à réaliser le plan de Dieu sur lui, ce à quoi il est appelé par vocation, est la meilleure garantie qu’on ne fera pas de l’autre son jouet.

            Là encore les enfants sont capables de comprendre que Dieu nous transforme dans un sens qu’on n’aurait pas imaginé. Qu’on leur raconte l’histoire d’Abraham: « Quitte ton pays... » Comme s’il annonçait: « C’est moi qui te construirai ton destin, en te donnant un pays et une descendance. » De même à David Dieu dit: « C’est moi qui te construirai une maison. » A travers le conjoint, c’est Dieu qui construit la vraie personnalité, la vraie sainteté de chacun.

 

L’accueil des enfants

            Comment être sûr qu’on a admis d’être ainsi transformé par Dieu à travers son époux ou son épouse? En acceptant les enfants qui peuvent naturellement venir de cette union réciproque.

            On ne sait jamais auquel des deux parents l’enfant à naître va ressembler. En fait chaque enfant est un équilibre différent des physiques et des tempéraments de ses parents. L’enfant est ainsi l’image même de l’union des deux personnalités. L’accepter par avance est symboliquement et réellement accepter d’être transformé par son conjoint - et par Dieu.

            Le refuser est le signe qu’on refuse au moins pour une part les conséquences du don de soi. C’est pourquoi le Pape Paul VI, suivant en cela la tradition de vingt siècles de christianisme, a condamné la contraception: on ne voit pas en quoi le fait d’être accomplie selon des techniques modernes la rendrait acceptable.

            On ne peut pas dire: « Du moment que j’accepte d’avoir quelques enfants au total, je peux me permettre de rendre inféconde telle ou telle union que la nature créée par Dieu rendrait féconde. » C’est dans chaque union que le don de soi est réalisé et renouvelé. Autrement, en méprisant la chair et le sang, on méprise son conjoint, on accepte d’en être méprisé; on fait de lui un jouet, on accepte d’être traité en jouet.

            Et les enfants seront tout heureux de savoir que l’Eglise est pour eux. Ce message, c’est à cet âge qu’on le comprend le plus facilement. Il faut leur parler de ces familles qui adoptent des enfants handicapés. Elles sont le grand honneur de l’Eglise dans les siècles barbares. L’Eglise accueille tous les enfants de Dieu. La famille est, à ce point de vue aussi, une Eglise domestique.

 

L’union du Christ et de l’Eglise

            On a vu un peu rapidement ci-dessus que l’époux et l’épouse se donnent l’un à l’autre pour se donner à Dieu, l’époux représentant le Christ et l’épouse représentant l’Eglise. Il est temps d’y revenir.

            « Du Christ et de l’Eglise, c’est tout un », disait Jeanne d’Arc. Il faut constamment revenir à cette idée quand on parle de l’Eglise. C’est au titre de l’identification du Christ et de l’Eglise que l’époux se donne à Dieu en se donnant à son épouse. Tous en fait, nous sommes transformés par Dieu à travers l’Eglise. Le signe que nous acceptons d’être guidés par Dieu dans l’accomplissement de notre vocation, c’est que nous acceptons d’être guidés par l’Eglise.

            On le voit encore à ceci: les prêtres sont le signe du Christ époux de l’Eglise. Ce n’est pas quelque chose d’abstrait. Observez un prêtre qui arrive dans une paroisse: peu à peu il va vivre, penser et parler comme ses paroissiens. Il va prendre leur parti et souvent il lui sera difficile de ne pas adopter leurs défauts et leurs erreurs. C’est pourquoi lui aussi, même dans sa relation à sa paroisse, a besoin d’être éclairé par le magistère de l‘Eglise, qui ne se réduit pas à une communauté locale, tout en s’y enracinant.

 

Rejet de l’homosexualité

            Ce qui précède permet de comprendre l’attitude de l’Eglise par rapport à l’homosexualité. La sexualité nous est donnée comme capacité d’ouverture à Dieu. Or l’union homosexuelle ne peut être admise comme expression du don à Dieu, parce qu’elle n’est pas ouverte sur la symbolique du Christ et de l’Eglise. Dieu est le « Tout Autre », celui qui nous transforme: l’altérité et la complémentarité des époux sont indispensables pour que leur union serve à l’union à Dieu.

            De plus l’exercice de la sexualité doit être ouvert à la procréation, qui est le signe de l’orientation à Dieu, ce qui ne se trouve pas dans l’homosexualité. Enfin, disons que notre union à Dieu le Père s’apprend dans la relation aux parents, l’union à Dieu le Fils dans la relation à nos frères, l’union à Dieu le Saint-Esprit dans la relation à l’époux ou l’épouse. Dés lors, en mêlant les types de relations au frère et au conjoint, l’homosexualité brouille nos voies d’accès à Dieu.

            Blessés par la vie dans leur sensibilité, même si certaines prédispositions naturelles ont pu exister en eux, les homosexuels ne doivent pas se sentir condamnés à cause de leur tendance. Seul est blâmable le fait d’y acquiescer et d’y succomber. Quant à ceux qui pervertissent les autres par leurs actes ou leurs déclarations, qu’ils se souviennent de la parole du Christ sur ceux qui scandalisent les petits. C’est par amour que le Christ a fait cette mise en garde; l’Eglise cesserait d’aimer les hommes si elle ne la répétait pas, à ce propos comme à d’autres.

 

La vie religieuse

            Dans cette même ligne du baptême et du mariage, il y a la vie religieuse. Au catéchisme, les enfants se font souvent les échos de la sagesse populaire: « Les Soeurs, disent-ils, sont mariées avec Dieu. » C’est vrai.

            Comme pour mieux faire comprendre que le but du mariage est l’union à Dieu, Dieu appelle certains à vivre cette union directement, sans passer par le mariage. C’est pour cela qu’on appelle les religieux Frères et Soeurs: leur union à Dieu par des voeux qui renouvellent le baptême les font membres d’une famille, celle de leur communauté. Et cela fait d’eux des membres particulièrement insérés dans l’immense famille de l’Eglise.

 

La virginité

            Trop de gens pensent que l’union sexuelle entre deux personnes non mariées n’est pas un péché. Mais si le mariage est un don à Dieu, se garder vierge est une façon de se garder pour Dieu. Ceux qui ont l’intention de se marier gagneront donc au niveau de la qualité de leur couple s’ils ont attendu pour leur première union d’être mariés. Au contraire, une union sans engagement définitif n’est qu’une parodie d’union. La différence est ténue entre l’adultère qui unit deux personnes mariées par ailleurs, et la fornication, entre personnes non mariées.

 

            Les considérations morales et les interdits qui sont liés à la doctrine catholique du mariage peuvent rebuter au premier abord. Mais dés qu’on veut bien examiner les choses dans la perspective de l’union à Dieu, on comprend qu’en fait cette partie de la morale est plus encore que les autres destinée à préserver la pureté, la qualité de l’amour.

            Le mariage, qui saisit l’être humain corps et âme, est un sacrement qui concerne tous les membres de l’Eglise, mariés ou pas. C’est toute l’Eglise qui est épouse du Christ par l’union de chacun à Dieu.

 

A bord de la Frégate Lafayette,

Abu Dhabi.

Octobre 1998.


13/04/2020
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