Voyages virtuels
Escapade à N’Djaména
Fin 1993 ou début 1994, place de l’Indépendance à Dakar, un quidam m’aborde :
- Et si je te disais que j’ai t’ai déjà vu, et que ce n’était pas à Dakar ?
Je prends l’air inspiré :
- Est-ce que ce ne serait pas par hasard à N’Djaména ?
- Ouuiiiii ! C’est ça ! C’était à N’Djaména !
- Eh bien ! Tu n’as pas de chance, je n’ai jamais mis les pieds à N’Djaména.
C’était perdu pour lui : il n’avait pas pu se faire payer à boire.
Mon pèlerinage à La Mecque
En août 1998, je rentrais en permission en France pour trois semaines. Dans le hall de l’aérogare de Djibouti où l’on transpirait abondamment, deux individus déambulaient en long et en large, menant un beau tapage en parlant très fort.
Même sans cela, on les aurait remarqués : du plus beau noir qui se puisse voir et tout de blanc vêtus, ils ne passaient pas inaperçus. Il faut préciser que leur costume se composait en tout et pour tout d’un pagne et d’une sorte de drap de bain noué autour des épaules : dans l’avion, ils allaient avoir froid.
Je n’y pensais plus quand en arrivant à ma place je vis que l’un des deux était à celle d’à côté, que son collègue était un rang devant et qu’autour d’eux ils avaient plusieurs épouses.
On apporte le plateau-repas. Mon voisin se tient très mal. Il saisit son morceau de poulet par l’os et en le brandissant dit tout fort dans sa langue quelque chose qui n’avait pas l’air bien élogieux. Puis il se saisit du petit pain et le passe à celle de ses épouses qui était juste derrière lui. Et ainsi de suite, ses commentaires allant bon train.
On retire les plateaux, et l’hôtesse arrive avec du thé et du café. Je fais mon choix, puis l’hôtesse s’adresse à mon voisin :
- Café ? Thé ?
- Hon ?
- Vous prendrez du café ou bien du thé ?
- Hon ?
Je me tourne vers lui :
- Kawa ? Tchaë ?
Il devient livide, me regarde avec l’air de quelqu’un qui se dit « Et en plus cet imbécile a compris tout ce que je racontais ! » et murmure dans un souffle :
- Tchaë !
- Du thé, Madame.
Il but son thé : le doute n’était plus permis pour lui, j’avais bien compris ce qu’il avait dit.
Il se tut jusqu’à son débarquement à l’aéroport de La Mecque.
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