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Seigneur, Père très saint, nous venons t'implorer pour tous ces enfants

rejetés et tués par leurs parents avant même qu'ils ne naissent.

Ils vivaient pourtant, comme Jésus-Christ vivait en Marie,

quand la bienheureuse Vierge-Mère le porta

et quand il sanctifia Jean-Baptiste, qu'Elisabeth n'avait pas encore enfanté :

vraiment ton Fils divin avait déjà pleinement assumé son humanité

dès l'instant où Marie acquiesça à la demande de l'Ange.

Mais pour ces enfants rejetés et tués,

leurs parents croyaient être seuls, comme des animaux, à leur donner l'existence :

ils ignoraient qu'ils collaboraient à une vie dont tu créais l'essentiel.

Seigneur, dont le Fils a dit « Heureux ceux qui pleurent »,

nous t'implorons pour tous ces enfants

rejetés comme ordure et tués par leurs parents

avant même qu'ils ne naissent.

Ils n'ont quitté la vie cachée que pour arriver à la croix ;

Seigneur Jésus, nous t'en prions, que ce soit ta Croix, pour la vie éternelle ;

car tu as accueilli parmi tes saints les Innocents de Bethléem,

massacrés à ta place, comme baptisés dans le sang.

Père saint, nous savons que tu prends avec toi tous les petits

qui meurent après avoir été baptisés à la demande de leurs parents,

ainsi que tous les hommes qui sont morts avant d'avoir pu recevoir le baptême qu'ils désiraient.

Mais ces orphelins morts avant leurs parents, Seigneur,

permets-nous de les adopter pour en faire tes propres fils.

Nous voulons te les offrir en union avec les prêtres

qui chaque jour t'offrent le sacrifice de ton Fils, sur l'autel.

Seigneur, nous t'en prions, accepte notre offrande.

Puisque tu nous les as confiés,

nous voulons que là où nous serons, ils soient aussi, à leur façon

comme tu nous l'as promis,

et que tu leur donnes en surabondance tout ce qu’ils peuvent recevoir.

Et puisqu'ils nous précèdent, Seigneur, nous t'implorons,

entends leur prière pour nous qui sommes aussi complices

en tolérant le mal en nous et dans la société,

nous qui n'avons pas su annoncer ton message de vie et d'amour à leurs parents ;

eux-mêmes ont déjà pardonné,

entends-les donc implorer à leur tour, avec nous, ton pardon surtout pour leurs parents

qui ne savent pas ce qu'ils font.

Avec eux, nous te prions pour que cesse cette tuerie.

SEIGNEUR, NOUS TE PRIONS POUR CES ENFANTS TUES AVANT DE NAÎTRE ;

SEIGNEUR, PERE TRES SAINT, ILS SONT TES FILS, REÇOIS-LES DANS LA LUMIERE AUPRES DE TOI :

SEIGNEUR, FILS UNIQUE JESUS-CHRIST, ILS SONT TES FRERES, PRESENTE-LES À TON PERE ;

SEIGNEUR, ESPRIT-SAINT, ILS SONT TES TEMPLES, CONSOLE-LES PAR TA PRESENCE ;

SEIGNEUR, TRINITE SAINTE, LAISSE VENIR À TOI CES PETITS,

QUE MARIE LES ACCUEILLE EN PARADIS

ET, À LEUR PRIERE, ATTIRE-NOUS DANS L'ETERNITE. AMEN.

Prière proposée en 1975 par les Chevaliers de Notre-Dame (La Commanderie, F - 28240 MONTIREAU)

et dont la traduction portugaise a été approuvée alors par l'archevêque de Braga.

(Passages en italiques rajoutés ultérieurement.)

Précisions

La prière ci-dessus a été publiée par les Chevaliers de Notre-Dame dans leur revue Chevaliers début 1975. Au Portugal, où la révolution marxiste de 1974 avait ouvert la voie à une dépénalisation de l’avortement, elle a été diffusée par les Chevaliers de Notre-Dame portugais qui ont été ainsi les premiers à réagir contre cette perspective, soutenus en cela par l’Archevêque de Braga, Monseigneur Francisco Maria da Silva.

Certains ont fait justement remarquer que le mot « massacrés », quoique juste, pouvait détourner de cette prière ceux qui, impliqués dans un avortement, avaient précisément le plus besoin d’en profiter : il a donc été remplacé par « tués ».

D’autres ont critiqué le fait qu’on parle d’enfants de Dieu à propos des enfants avortés. Cette critique n’est pas recevable : toute créature intelligente est enfant de Dieu. Si Saint Jean l’Évangéliste parle du « pouvoir de devenir enfants de Dieu », cela ne signifie pas qu’on ne le soit pas autrement qu’en croyant en Jésus. Il y a deux façons d’être enfants de Dieu : la première, par création ; la seconde par adoption du fait le l’union au fils de Dieu qui par son incarnation s’est fait notre frère.

D’autre encore considèrent qu’on ne peut pas être sauvé à moins d’avoir été baptisé. Mais il faut observer que, si Dieu a promis d’accorder sa grâce par ses sacrements, Il n’a pas promis de ne pas l’accorder autrement. La querelle du salut des enfants morts sans baptême nous paraît avoir été définitivement tranchée en faveur de la thèse sous-jacente à cette prière, par l’étude de Dom Jean Pateau, Abbé de Fontgombault, dans son livre « L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême » (Téqui, 2008). Avant l’âge de raison, un enfant n’a eu la possibilité de refuser ni l’union à Jésus ni la connaissance de Dieu.

Bref on peut maintenir qu’il faut prier pour que Dieu accepte l’adoption de ces enfants par l’Eglise, mais pour tenir compte de l’existence de ces objections, on a rajouté quelques passages en italiques.

Enfin on pourra noter combien Saint Jean-Paul II avait une pensée proche de celle exprimée ici.

Message de Jean-Paul II.

Je voudrais adresser une pensée spéciale à vous, femmes qui avez eu recours à l’avortement. L’Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser sur votre décision et elle ne doute pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse, et même dramatique. Il est probable que la blessure de votre âme n’est pas encore refermée. En réalité, ce qui s’est produit a été et demeure profondément injuste. Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l’espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s’est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l’avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir : le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation.

Vous vous rendrez compte que rien n’est perdu et vous pourrez aussi demander pardon à votre enfant qui vit désormais dans le Seigneur.

Avec l’aide des conseils et de la présence de personnes amies compétentes, vous pourrez faire partie des défenseurs les plus convaincants du droit de tous à la vie par votre témoignage douloureux. Dans votre engagement pour la vie, éventuellement couronné par la naissance de nouvelles créatures, et exercé par l’accueil et l’attention envers ceux qui ont le plus besoin d’une présence chaleureuse, vous travaillerez à instaurer une nouvelle manière de considérer la vie de l’homme.

(On a ci-dessus l'ancienne version : elle correspond à la pensée personnelle de Jean-Paul II.

Mais le texte a été modifié (cf site du St Siège).

Désormais, il faut lire le texte magistériel :

Je voudrais adresser une pensée spéciale à vous, femmes qui avez eu recours à l'avortement. L'Eglise sait combien de conditionnements ont pu peser sur votre décision, et elle ne doute pas que, dans bien des cas, cette décision a été douloureuse, et même dramatique. Il est probable que la blessure de votre âme n'est pas encore refermée. En réalité, ce qui s'est produit a été et demeure profondément injuste. Mais ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l'espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s'est passé et interprétez-le en vérité. Si vous ne l'avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir: le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. C’est à ce même Père et à sa miséricorde qu’avec espérance vous pouvez confier votre enfant. Avec l'aide des conseils et de la présence de personnes amies compétentes, vous pourrez faire partie des défenseurs les plus convaincants du droit de tous à la vie par votre témoignage douloureux. Dans votre engagement pour la vie, éventuellement couronné par la naissance de nouvelles créatures et exercé par l'accueil et l'attention envers ceux qui ont le plus besoin d'une présence chaleureuse, vous travaillerez à instaurer une nouvelle manière de considérer la vie de l'homme.

Saint Jean-Paul II, Evangelium vitae, n° 99, 25 mars 1995.