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Précisions historiques sur Béziers et Simon de Montfort.

La croisade des Albigeois fait aujourd’hui encore couler beaucoup d’encre. Voici de quoi rétablir certaines perspectives.

 

 

En 1167, donc une ou deux générations avant la croisade des Albigeois, il y eut une altercation entre un chevalier et un bourgeois de Béziers, un jour de chevauchée (on dirait aujourd'hui "période de réserve" - cela durait une journée). Le soir on se rassemble en l'église Sainte Madeleine, pour régler l'incident. Les bourgeois sortent alors de sous leurs vêtements des dagues et massacrent plusieurs barons et surtout le comte de Carcassonne, Raymond Trencavel.

 

Deux ans plus tard, le fils de celui-ci, Roger II, soudoie des routiers Aragonais pour s'infiltrer dans la ville et massacrer tous les hommes. Les épouses de ceux-ci deviennent celles des brigands, qui reconnaissent le comte de Carcassonne comme leur suzerain.

 

Ceux qui voient arriver l'armée croisée le 22 juillet 1209 sont donc les descendants de veuves dont les époux assassins ont été eux-mêmes assassinés, et des assassins de ceux-ci. On imagine l'éducation qui a pu être donnée dans cette malheureuse cité.

 

Cela explique l'attitude incroyable de cette population face aux Croisés. Le comte de Carcassonne, dont la présence était nécessaire à la levée d'une armée qui viendrait faire lever le siège, était parti en confiant la défense de Béziers à ses habitants. Des gens sensés se seraient dit que la meilleure façon de se défendre était de se confier aux excellentes murailles de la ville.

 

Au lieu de cela, ils ouvrent une porte, sortent et se moquent des attaquants. Les soldats ne bougent pas, attendant les ordres de leurs chefs qui tiennent conseil pour préparer le premier assaut, prévu le lendemain. Mais les valets et les pèlerins (comme pour Jérusalem, la croisade avait pour but de libérer une route de pèlerinage, vers Compostelle, car le comte de Toulouse prélevait des péages trop forts, et les gens ne pouvaient pas accomplir leurs pénitences ou leurs dévotions) - ces non-combattants, donc, répondent aux insultes. On en vient aux mains. Un pèlerin est jeté dans l'eau des fossés de la ville. C'est alors la ruée vers la porte qui est prise avant que tous les Biterrois sortis puissent rentrer.

 

Cette troupe incontrôlée pille et massacre et finalement met le feu à la ville. Quand les seigneurs entrent en ville avec leurs troupes régulières, il est trop tard. Mais la prise de Béziers sans assaut ni siège, alors que les fortifications auraient dû lui permettre de résister longtemps, fut considérée comme une sorte de miracle, d’autant plus que cela eut lieu le 22 juillet, fête de Sainte Madeleine, dont l’église avait été souillée par le crime de 1167.

 

 

A lire : " La croisade des Albigeois ", de Pierre Belperron (Plon 1942, Perrin 1967).



14/04/2020
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