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Nouvelle traduction liturgique du missel : satisfaction et déception

                        Depuis la parution de la nouvelle version française du Notre Père, nous pouvions le prévoir : la nouvelle traduction du missel serait un progrès, mais aussi une occasion manquée. Ne pouvant faire une étude exhaustive, nous pouvons illustrer ce propos en abordant quelques thèmes.

                                (Si certains trouvent excessifs divers passages de ce texte, qu’ils veuillent les considérer comme l’expression d’une terrible tristesse et exaspération d’un prêtre obligé de dire des phrases que sa conscience réprouve : si l’on prétend lutter contre les abus de pouvoir dans l’Église, on peut commencer par fournir des traductions qui n’altèrent pas la Révélation – car les textes liturgiques, au moins les plus importants et les plus antiques, relèvent de la Tradition.)

 

 

Le Notre Père

 

                        Certes le nouveau Notre Père ne comporte plus l’horrible demande « ne nous soumets pas à la tentation ». Car que penserait-on d’un père à qui son fils dirait : « Papa, nous habitons au troisième étage, s’il te plaît, ne me jette pas par la fenêtre » ? On dirait que ce père a donné à son fils une fort mauvaise image de lui-même ! Demander à Dieu qu’il ne nous fasse pas de mal – car soumettre à la tentation est un mal – c’est blasphémer.

                        On peut objecter que Dieu nous soumet à l’épreuve (la Bible nous en fournit de nombreux exemples), et « tentation » peut signifier « épreuve » : l’épreuve est une occasion de manifester notre fidélité. Mais justement alors il est idiot de demander à Dieu de ne pas nous soumettre à l’épreuve !

                        Au moins la formule « ne nous laisse pas entrer en tentation » n’est pas blasphématoire. Mais elle est imparfaite : « entrer en » signifie « commencer à », comme entrer en transes, en agonie ; donc quand on dit « ne nous laisse pas entrer en tentation, on doit comprendre – et expliquer – « ne nous laisse pas consentir à la logique de la tentation ». La satisfaction est donc en demi-teinte.

                        On aurait d’ailleurs souhaité d’autres corrections. Le latin, qui est l’original liturgique, dit sicut et nos, c’est-à-dire « comme nous aussi » : il n’y a pas de raison de repousser « aussi » après « nous pardonnons ». D’autre part, le règne de Dieu vient de toute façon, on n’a donc pas à prier pour cela ; ce pour quoi Jésus nous dit de prier, c’est pour hâter cette venue : le texte latin dit adveniat, et non veniat « que ton règne arrive » serait donc correct, et « que ton règne vienne » ne l’est pas.

                        Il y a bien eu amélioration, mais on a manqué l’occasion de produire un texte vraiment correct. Et cette constatation peut être faite pour tout le missel récemment traduit.

 

 

Consubstantiel

 

                        Enfin on a renoncé à l’expression hérétique « de même nature » ! Deo gratias !

                        Il est vrai que cette hérésie est d’un type spécial : l’expression « le Fils est de même nature que le Père » n’est pas fausse, mais incomplète ; l’hérésie consiste donc dans le refus de dire la vérité tout entière dans ce qui se voulait une traduction d’un texte original où la vérité était exprimée complètement.

                        On nous disait : « Mais le peuple ne sait pas ce que veut dire ‘consubstantiel’ ! Il ne peut pas comprendre ! » Joli mépris de la part des spécialistes envers le peuple chrétien et ses pasteurs de terrain ! Ce n’est pourtant pas compliqué, et on peut proposer la pédagogie suivante.

                        Mes bien chers frères, je vais tâcher de vous expliquer pourquoi ce changement était nécessaire, ce passage de l’expression « de même nature » au mot « consubstantiel ». J’ai demandé à Alfred de m’aider : c’est un garçon qui est en cinquième, il est un peu timide, c’est pour cela que vous ne le voyez pas, caché derrière son pilier. Bon, dis-moi, Alfred, tu sais que toi et moi nous sommes de même nature, n’est-ce pas ? Nous avons en commun la nature humaine. Tu as une certaine idée de ce qu’est la nature humaine : c’est ce qui est commun à tous les hommes. Les philosophes disent même que c’est ce qui fait que tout homme est vraiment homme. Si on dit qu’il n’y a pas de nature humaine, on ouvre la porte à toutes les formes de racisme, car c’est dans la nature humaine que se trouve la dignité commune à tous les hommes : les Esquimaux comme les Chinois, les Congolais comme les Apaches, les Français comme les Bochimans dont les femmes ont de la stéatopygie… La nature humaine est commune aux hommes et aux femmes, aux adultes et aux enfants. Bref, tu le vois, toi et moi sommes de même nature.

                        Mais quand on parle de la nature commune à Dieu le Père et à Dieu le Fils, tu le sais bien, Alfred, il ne s’agit plus de la nature humaine mais de la nature divine. Et là tu vois la différence : on dit que la nature humaine est commune à tous les hommes, mais on ne peut pas dire que la nature divine serait commune à tous les dieux, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, comme nous le disons dans le Credo. Tout ce qui est Dieu ne fait qu’un. On pourrait peut-être dire que la nature divine est ce qui fait que Dieu est Dieu, mais Dieu est tellement différent de nous que nos expressions ne sont guère adaptées. En fait la nature divine est ce qui est particulier à Dieu. C’est donc vrai de dire que le Fils est de même nature divine que le Père, mais ce n’est pas suffisant : en fait le Fils ne fait qu’un avec le Père, tandis que toi et moi, Alfred, nous avons bien la même nature mais nous sommes deux êtres différents. Tandis que le Fils ne fait qu’un seul Dieu avec le Père et le Saint Esprit. C’est cela que veut dire « consubstantiel » : que les trois personnes de la Trinité ne sont qu’un seul être.

                        Maintenant, tu peux bien me demander pourquoi on utilise ce mot de « consubstantiel » pour dire que le Fils n’est qu’un seul être avec le Père. Je t’avoue qu’ici il y a une difficulté. Tu vois, Alfred, il y a un écrivain du XXème siècle, Thierry Maulnier, qui a dit « ‘Conservateur’, voilà un mot qui commence mal ! » Bon, tu souris, tu as compris. En fait cette syllabe vient d’un préfixe latin qui dérive de la préposition cum, qui signifie « avec » ; ensuite il y a la syllabe sub, qui signifie « en dessous de » ; et puis il y a un dérivé du verbe stare qui veut dire se tenir debout. On va commencer l’explication par ce dernier mot.

                        Stare a donné nos mots « station », « stable », etc. Ce verbe peut donc désigner non seulement ce qui se dresse debout, mais surtout, ici, il désigne quelque chose de stable, qui ne change pas. Il indique une permanence. Maintenant, l’addition de sub à stare indique que cette immobilité est fondamentale, puisque les fondations ou les fondements sont des choses situées en dessous, et dont dépend la stabilité de ce qui se trouve au-dessus. D’ailleurs tu te souviens qu’au catéchisme on t’a parlé de la substance à propos de l’eucharistie : la substance est ce qui ne change pas dans un être, et justement on parle de transsubstantiation pour dire que l’être fondamental du pain et du vin est changé : mais c’est un cas très particulier, seul un miracle peut changer la substance d’un être.

                        Bien, tu vois que dans « consubstantiel » on parle de quelque chose d’immuable, qui ne change jamais, ce qui est normal puisqu’il s’agit de Dieu. Alors quand on ajoute cum à « substantiel » on indique que cet être est dans une union, ou plutôt dans une unité fondamentale et immuable. Tu auras sans doute besoin d’y réfléchir encore, mais tu vois en tout cas que « consubstantiel », c’est bien plus que « de même nature ».

 

                        Au total, on se demande pourquoi il a fallu cinquante ans pour que nos justes demandes à ce sujet soient enfin entendues ! Mais enfin réjouissons-nous : elles ont été exaucées.

 

 

Le sacerdoce

 

                        Il y a eu chez le précédent traducteur (oui, on sait, ce n’est pas une personne unique, c’est une usine à gaz) une volonté de gommer le rôle propre du prêtre à la messe. Que les fidèles laïcs offrent le sacrifice est contenu dans le texte latin, où il est bien dit, dans l’Orate Fratres, que le sacrifice du prêtre est aussi celui des fidèles. Cependant le rapport du prêtre au Saint Sacrifice de la messe est différent de celui des fidèles. L’ancien traducteur, sans doute sous influence protestante, au lieu de dire « Priez mes frères, pour que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, devienne acceptable auprès de Dieu le Père tout-puissant » a voulu l’expression « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Église ». Et la suite conforte cette impression : on devrait avoir « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice, à la louange et à la gloire de son Nom, pour notre utilité aussi et celle de toute l’Église », mais on avait « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Le caractère intentionnel de cette aliénation ne fait aucun doute, d’autant moins qu’on le retrouve en d’autres endroits.

                        Ainsi dans la seconde prière eucharistique, au paragraphe suivant la consécration, on lit en latin quia nos dignos habuisti astare coram te et tibi ministrare : « parce que tu nous as considérés comme dignes de nous tenir debout devant toi et de te servir ». Pour apprécier le caractère clérical de ce passage, il faut se souvenir que c’est un texte du IIème siècle, donc d’une époque où le clergé était séparé du reste des fidèles par un mur ou une barrière dont il subsiste jusqu’à aujourd’hui, en certains endroits, le banc de communion : autrement dit le texte parlant de ceux qui se tiennent en présence de Dieu évoque ceux qui sont dans la partie principale du sanctuaire, à savoir le clergé. Or l’ancienne traduction disait simplement « car tu nous as choisis pour servir en ta présence » : en simplifiant de la sorte, on ne permet plus de voir le contexte de l’époque.

                        De même dans l’oraison d’offertoire du XVIème dimanche per annum, on trouve dans l’ancienne traduction l’expression « reçois cette offrande des mains de tes fidèles », mais la mention des mains évoque une cause efficiente, et, nous l’avons vu à propos de l’Orate Fratres, cette cause est du côté du prêtre : dans le texte latin on ne trouve tout simplement pas le mot « mains » !

 

                        Alors, sur ces trois points concernant le sacerdoce, on peut éprouver une satisfaction certaine à propos de la nouvelle traduction. Tout d’abord l’Orate Fratres est convenablement traduit. Mais on l’a échappé belle ! Une première version, présentée comme ne pouvant pas être retouchée, disait « mon sacrifice, et le vôtre,… » : cela signifiait qu’il y avait deux sacrifices, celui du prêtre et celui des fidèles. L’erreur est venue de ce que le texte latin dit meum ac vestrum sacrificium, littéralement « le sacrifice mien et votre » ; on voit que la conjonction coordonne deux adjectifs, mais comme en français « mien et votre » est inusité, la tentation a été grande de substantiver « le vôtre », et ainsi la conjonction ne peut plus coordonner deux adjectifs, mais les deux substantifs « sacrifice » et « le vôtre ». Or si deux substantifs sont coordonnés, c’est qu’ils représentent deux réalités différentes – mais il n’y a qu’un seul sacrifice, celui du Christ ! La seule option est donc la traditionnelle (ou plutôt celle qui était habituelle dans tous les missels latin-français d’avant la réforme liturgique) : « mon sacrifice, qui est aussi le vôtre,… » (Si l’on s’est attardé sur ce sujet, c’est qu’il nous paraît révélateur de la décadence des études littéraires, dont nous aurons à reparler.)

                        Malheureusement cette satisfaction d’avoir enfin un Orate Fratres correctement traduit est tempérée par le fait qu’à côté de la nouvelle bonne traduction on a laissé la possibilité d’employer l’ancienne, lourdement fautive. Il faut donc exhorter les prêtres, qui veulent des vocations afin de ne pas être les « derniers du culte », à employer la bonne formule ; les évêques qui ne le recommanderaient pas mériteraient-ils d’ordonner des prêtres, quand ils refuseraient de manifester que le prêtre à un rôle distinct de celui des fidèles ?

                        En revanche, les deux autres textes évoqués plus haut à propos du sacerdoce sont bien traduits, les voici.

« … nous te rendons grâce, car tu nous a estimés dignes de nous tenir devant toi pour te servir. »

« … reçois maintenant le sacrifice offert par tes fidèles serviteurs… »

Bref, ici, la satisfaction est presque totale.

 

 

 

 

Le sacrifice

 

                        On l’a vu dans les paragraphes précédents, la question du sacrifice est évidemment liée à celle du sacerdoce. Et là on trouve deux moments où le nouveau texte déçoit.

 

                        Dans le canon romain, le paragraphe qui suit la consécration se termine par une phrase d’une intense poésie, à la façon d’une clausule cicéronienne : hostiam puram, hostiam sanctam, hostiam immaculatam, panem sanctum vitae aeternae et calicem salutis perpetuae. Pour saisir la beauté de la formule, il faut avoir des notions de prononciation du latin, avec ses syllabes longues et ses syllabes brèves, et de versification, qui consiste précisément en l’agencement des longues et des brèves, qui peut être souligné par les accents toniques. La répétition du mot hostiam souligne la répétition des rythmes, puis leur allongement : hostiam est un dactyle (une longue suivie de deux brèves) et il est suivi deux fois par un spondée (deux syllabes, ici à chaque fois une longue suivie d’une brève) ; mais à sa troisième occurrence il est suivi d’un mot à cinq syllabes, ce qui allonge le rythme ; ensuite on a de nouveau un rythme rapide : trois mots à deux syllabes, donc avec des accents toniques qui se succèdent rapidement, mais ces syllabes sont toutes longues si bien que l’accélération n’est que relative, et puis le rythme s’amplifie définitivement avec les trois syllabes longues de aeternae et les longs mots qui suivent en ne formant qu’un seul groupe. Tout cela est encore marqué par le fait que la plupart des mots ont leur accent tonique sur la première syllabe, à l’exception des plus longs. Et la sublimité de ce qui est évoqué, le Christ en son sacrifice, explique ce déploiement de rhétorique : « Victime pure, Victime sainte, Victime immaculée, pain sacré de la vie éternelle et coupe du salut perpétuel ». En regard de tout cela, l’œuvre de l’ancien traducteur apparaît comme celle d’un barbare impie, s’il est permis de ne pas parler l’ecclésiastiquement correct ; la voici : « le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait, pain de la vie éternelle et coupe du salut. » L’insensibilité à la poésie du latin saute aux yeux, l’impiété est manifeste quand au lieu de désigner le Christ en personne on ne pense qu’à son action. On déplore que cette barbarie soit toujours en vigueur : ce passage n’a pas été corrigé dans la nouvelle traduction.

 

                        Une autre faute doit retenir notre attention : elle est grave quoique certainement pas intentionnelle : elle se trouve dans le paragraphe suivant immédiatement celui dont on vient de parler. Pour la comprendre il faut recopier et traduire intégralement ce paragraphe.

 

Supra quae

propitio ac sereno vultu

respicere digneris :

et accepta habere,

sicuti accepta habere dignatus es

munera pueri tui justi Abel,

et sacrificium Patriarchae nostri Abrahae,

et quod tibi obtulit summus sacerdos tuus Melchisedech,

sanctum sacrificium, immaculatam hostiam.
Sur ces réalités

avec un visage propice et serein

daigne regarder :

et (les) tenir pour acceptables

comme tu as daigné tenir pour acceptables

les présents de ton serviteur le juste Abel,

et le sacrifice de notre Patriarche Abraham,

et ce que t’offrit ton grand prêtre Melchisedech,

 

sacrifice saint, victime immaculée.

 

 

                        La difficulté vient de ce qu’une traduction littérale semble placer le groupe final (sacrifice saint, victime immaculée) comme une apposition aux sacrifices d’Abel, d’Abraham et de Melchisédech, ce qui est aberrant, puisque comme nous l’avons vu, la victime immaculée est le Christ lui-même. Mais cela le traducteur est incapable de le voir, dans son souci de minimiser le vocabulaire du sacrifice, qui lui fait remplacer « victime » par « sacrifice ». Or il faut comprendre que quae, au début de ce paragraphe, est un relatif de liaison, et qu’il renvoie à un antécédent : ici c’est clairement le groupe que nous avons analysé précédemment (hostiam puram, etc.) : il faut donc rattacher la finale de notre paragraphe non à ce qui précède immédiatement, mais au début du paragraphe. Sans doute faut-il sous-entendre quelque chose comme fiant in (qu’elles deviennent). Sans doute le traducteur a-t-il été influencé par Jungmann qui, dans Missarum solemnia, soutient que « le sens des mots ajoutés exige qu’ils se rapportent au sacrifice de Melchisédech », mais il n’argumente guère sur le sens des mots et on ne voit pas pourquoi on devrait rattacher immaculatam hostiam au sacrifice de Melchisédech, plutôt qu’à quae qui justement renvoie à une expression où figurent ces mots !

 

                        Si bien qu’ici on doit reconnaître que la nouvelle traduction est en recul par rapport à l’ancienne, qu’on en juge.

 

Ancienne traduction

Et comme il t’a plu d’accueillir les présents d’Abel le Juste, le sacrifice de notre père Abraham, et celui que t’offrit Melchisédech, ton grand prêtre, en signe du sacrifice parfait, regarde cette offrande avec amour et, dans ta bienveillance, accepte-la.
Nouvelle traduction

Et comme il t’a plu d’accueillir les présents de ton serviteur Abel le Juste, le sacrifice d’Abraham, notre père dans la foi, celui que t’offrit Melkisédek, ton grand prêtre, oblation sainte et immaculée, regarde ces offrandes avec amour et, dans ta bienveillance, accepte-les.

 

 

                        C’est pourquoi, puisqu’on ne peut au nom de l’obéissance obliger quelqu’un à dire des idioties, surtout si elles sont contraires à la foi – les sacrifices d’Abraham, d’Abel ou de Melkisédek ne sont pas l’oblation immaculée ! – on peut proposer aux prêtres de modifier ce paragraphe par exemple comme suit :

Et comme il t’a plu d’accueillir les présents de ton serviteur Abel le Juste, le sacrifice d’Abraham, notre père dans la foi, celui que t’offrit Melkisédek, ton grand prêtre, regarde ces offrandes avec amour et, dans ta bienveillance, accepte-les comme le sacrifice saint, la victime immaculée. (en prenant « comme » dans le sens de « en tant que ».)

 

                        On a évoqué plus haut la décadence des études de lettres : elle se retrouve ici. Non seulement il y a eu chez le traducteur des gens qui ne comprennent même plus ce qu’ils écrivent ; mais en plus on n’a sans doute pas consulté des gens qui prient quotidiennement en latin ! Or on rencontre encore des prêtres tout récemment ordonnés, à qui au séminaire on n’a pas appris un mot de latin : il serait temps d’appliquer le Concile Vatican II et le droit canon ! Il reste malgré tout quelques latinistes dans le clergé diocésain : quel évêque les a consultés ? Car les traductions sont un travail collégial, la responsabilité de chacun est engagée.

 

 

Le péché (et le péché originel)

 

                        On note avec satisfaction que le mot péché a été mis au pluriel à certains endroits où il y est effectivement en latin, mais où le précédent traducteur avait jugé bon de le mettre au singulier. Or ce n’est pas anodin. Le péché au singulier peut n’être qu’une abstraction, au pluriel les péchés sont des réalités concrètes. On fait ici référence au Gloria in excelsis Deo et à l’Agnus Dei. Dans les deux cas on a Agnus Dei qui tollis peccata mundi : une allusion à la parole de Saint Jean-Baptiste après le baptême de Jésus. Mais dans le texte évangélique, on a le singulier : « le péché ». C’est peut-être ce qui a déterminé le traducteur précédent à ne pas suivre l’original liturgique. Mais si l’Église change quelque chose dans une citation biblique afin de l’insérer dans un cadre liturgique, c’est qu’elle a une intention précise et il est regrettable qu’un traducteur n’en tienne pas compte. Que le nouveau traducteur ait mis le mot « péché » au pluriel comme il l’est dans le missel latin ne peut que nous réjouir.

                        Mais ce sentiment est tempéré par l’introduction à l’acte pénitentiel. On a en latin : agnoscamus peccata nostra, ut apti simus ad sacra mysteria celebranda, c’est-à-dire « reconnaissons nos péchés afin d’être aptes à célébrer les mystères sacrés ». L’ancienne traduction était : « Préparons-nous à la célébration de l’eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. » (mais elle n’était donnée qu’à titre indicatif, le prêtre pouvait utiliser la formule qu’il jugeait appropriée, donc une traduction littérale correcte). Or être pécheur est notre condition depuis le péché originel, et le restera même après l’acte pénitentiel du début de la messe, ce n’est donc pas une telle reconnaissance qui nous rend aptes à célébrer celle-ci ! Là encore il s’agit dans le texte latin de péchés concrets, et c’est en les reconnaissant qu’on se prépare à célébrer les mystères sacrés. La nouvelle traduction est meilleure, sans être satisfaisante : « préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché ». C’est déjà plus concret, mais il manque l’idée de dignité : pourquoi une telle adaptation ? Nous émettrons plus loin une hypothèse à ce sujet.

                        Et aussi on a le déplaisir de voir maintenu le « Oui, j’ai vraiment péché » au lieu de « C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute ». On est là clairement dans la désobéissance, voici ce qu’en dit l’Église dans Liturgiam authenticam :

  1. Certains mots, qui appartiennent au trésor de l’Eglise primitive tout entière, ou à une grande partie de celle-ci, de même que d’autres, qui se sont ajoutés au patrimoine intellectuel universel, doivent être conservés, quand cela s’avère possible, littéralement, comme, par exemple, les mots de la réponse du peuple : “Et cum spiritu tuo” ou la locution : “mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa”, dans l’acte pénitentiel de l’Ordinaire de la Messe.

 

                        A propos du péché originel, on y a une allusion dans la IVème prière eucharistique : amicitiam tuam, non obœdiens, amisisset (il avait dédaigné ton amitié en n’obéissant pas). L’ancienne traduction était : « il avait perdu ton amitié en se détournant de toi ». Mais peut-on « perdre » l’amitié de Dieu ? N’est-elle pas toujours offerte ? De plus perdre n’implique pas une action volontaire, qui se trouve dans le texte latin. Amittere en effet peut vouloir dire renvoyer, ainsi que laisser tomber, c’est pourquoi on peut proposer de le traduire par « dédaigner » ; quant à non obœdiens, le sens est clair, il s’agit de ne pas obéir, comme on voit qu’Adam et Eve l’ont fait, et traduire par se détourner est bien trop faible, au point qu’on peut se demander si le traducteur n’avait pas adhéré aux hérésies courantes à son époque, qui niaient le péché originel. C’est encore avec satisfaction qu’on accueille la nouvelle traduction : « il avait perdu ton amitié par sa désobéissante » - ce n’est pas encore parfait, mais au moins on retrouve l’allusion claire au péché originel.

 

 

Marie

 

                        La bienheureuse Marie toujours vierge est la mal-aimée des traducteurs. Dans le Confiteor, on a beatam Mariam semper virginem, ce qui se traduit tout naturellement « la bienheureuse Marie toujours vierge ». C’est tellement simple que toute faute de traduction ne peut être que volontaire. Or dans la première traduction, on avait seulement « la Vierge Marie » ; et dans la nouvelle – grand progrès ! – on a rétabli le mot « bienheureuse ». Il n’y a aucune raison de supprimer le mot « toujours ». Cette omission relève de l’impiété. Que les traducteurs demandent pardon à Dieu de déprécier sa Mère et les miracles qu’Il a faits pour elle ! Certes, dans les documents du Magistère, si l’on n’a pas de déclaration particulièrement solennelle, on a tout de même une affirmation calme et constante du fait que Marie soit restée vierge pendant l’enfantement (voir les lettres de Léon Ier à Flavien de Constantinople Dz-Sch 291 et à Julien de Cos ibidem 299, celle du Pape Hormisdas à l’empereur Justin ibidem 368, celle de Pélage Ier au roi Childebert Ier ibidem 442, le canon 3 du Concile du Latran de Martin Ier ibidem 503, Le 16ème Concile de Tolède ibidem 571, la bulle Cum quorundam hominum de Pie IV ibidem 1880 ; Lumen Gentium 57). Surtout, chez les Pères de l’Église et tout au long de la liturgie, cette vérité de la virginité de Marie pendant l’enfantement même ne fait aucun doute.

                        Le refus d’affirmer la vérité complète à ce sujet rappelle la forme d’hérésie qu’on a déjà rencontrée dans l’ancien refus de proclamer le consubstantiel dans le Credo. Forcer le peuple chrétien à participer à ce refus a quelque chose d’absolument scandaleux.

                        Il convient au contraire de montrer aux fidèles la cohérence entre la naissance virginale de Jésus et la conception immaculée de Marie, puisque la Genèse enseigne que c’est à cause du péché originel que l’enfantement est douloureux ; et leur expliquer que le miracle de cette naissance a quelque chose de semblable à celui de la résurrection, où Jésus voulant être hors du linceul, celui-ci s’est affaissé, et voulant être hors du tombeau, les soldats gardaient un endroit vide.

 

                        Une faute lourde se trouvait dans la préface de l’Immaculée Conception, elle a été heureusement réparée. Le texte latin dit la Vierge Marie préservée de toute déchéance du péché originel (ab omni labe originalis culpae preservata). On peut discuter sur le sens précis du mot labes. Certains pensent (par exemple A. Ernout dans le passionnant dictionnaire étymologique de la langue latine qu’il a publié en 1931 avec A. Meillet) qu’on a affaire à deux mots homonymes mais d’origines et de sens différents : l’un est synonyme de macula, qui signifie tache (Cicéron par redondance dit labes et macula) ; l’autre est dérivé de labi, qui signifie glisser (comme dans lapsus). Mais on peut aussi penser qu’on a un seul mot, signifiant glissement et ayant pris à haute époque un sens figuré et moral. C’est dans cette optique qu’on propose de le traduire par « déchéance », mais d’autres mots peuvent aussi convenir.

                        Or dans l’ancienne traduction on avait « préservée des séquelles du péché originel » : cela laisse supposer qu’elle n’a pas été préservée du péché originel lui-même ; la faute n’était pas seulement de traduction, elle constituait en une formule hérétique. Cette faute a été heureusement corrigée dans la traduction récente, qui donne : « Car tu as préservé la bienheureuse Vierge Marie de toute souillure du péché originel », ce qui est bien vu – et de cela il faut se réjouir aussi.

 

 

Âme

 

                        Le traducteur n’aime pas parler de l’âme. Mais si l’Église catholique ne parle pas de l’âme, qui le fera ? N’est-ce pas quelque chose de fondamental dans notre religion ? Comment parler des fins dernières sans parler de l’âme ? Comment parler des Anges, comment expliquer que Dieu est esprit ? Sans compter qu’une façon d’initier au mystère de la Trinité repose sur la connaissance des facultés de l’âme. Liturgiam Authenticam insiste à deux reprises sur l’importance de traduire correctement les mots spiritus, mens, et anima : dans la liste des mots importants tant dans les textes bibliques (et là on dit explicitement qu’il ne faut pas remplacer ces mots par un pronom) que dans les textes non scripturaires. L’importance capitale de ces mots se mesure à leur fréquence dans le missel sous leurs diverses formes : plus de 180 fois pour anima, environ 130 pour mens, 330 pour spiritus, sans compter ses dérivés comme spirit(u)alis – mais pour spiritus il ne s’agit pas seulement de l’esprit humain, il y a bien sûr le Saint Esprit et probablement aussi les Anges.

                        Il est impossible ici de répertorier toutes les façons dont ces mots sont traduits partout dans la nouvelle traduction, mais il y a une occurrence capitale dans l’ordo missae, et elle se trouve juste avant la communion, quand on reprend la prière du centurion, adaptée pour les besoins de la liturgie : « Je ne suis pas digne de Te recevoir, mais dis seulement une parole et mon âme sera guérie » : pourquoi avoir remplacé « âme » par « je », dans la nouvelle traduction comme dans l’ancienne ? Avoir maintenu cette faute relève, là encore, de l’impiété. Je suggère à tous ceux que cela révolte à juste titre de dire « mon âme » à la place de « je » : personne ne peut les forcer à agir contre leur conscience, et à cet endroit il est facile de manifester sa désapprobation.

                        D’où vient donc cette mauvaise volonté ? On entend deux justifications. La première provient d’une lourde erreur exégétique, qui affirme que les anciens hébreux ne connaissaient pas le concept d’âme. Mais cette erreur a déjà été réfutée depuis longtemps, notamment par le Père Candido Pozzo, qui fut professeur à la grégorienne, l’université jésuite de Rome : d’après lui, « On considère trop facilement comme prouvé qu’éléments bibliques et éléments judaïques seraient des termes synonymes alors que éléments hellénistiques serait synonyme d’éléments extra Bibliques. La réalité est sensiblement plus compliquée ; certains livres bibliques expriment leurs messages avec des catégories d’origine hellénistique : le livre de la sagesse en est un exemple pour l’ancien testament et dans le nouveau Saint-Paul en est très caractéristique. C’est pourquoi il n’est pas correct d’identifier concept Biblique concept judaïque d’un côté et concept hellénistique concept extra Biblique de l’autre. Si on reconnaît ce fait quand il s’agit de notre problème il n’est pas licite d’éliminer de l’écriture les éléments hellénistiques comme si seulement les éléments judaïques étaient vraiment inspirés. » (traduction libre)

                        On mesure l’impasse qu’on fait sur la Révélation si l’on en élimine le concept d’âme : les Saducéens n’en voulaient pas, et cela les a amenés à refuser la survie de l’âme, l’existence des Anges, etc. Au contraire, dès le livre des Maccabées, la survie de l’âme après la mort est affirmée avec force : on est à cette époque dans la civilisation hellénistique, cela fait près de deux siècles que les Juifs évoluent dans un monde dominé par des rois parlant grec. Saint Paul, qui se situait avec une égale aisance dans la culture grecque et dans la théologie juive, présente volontiers l’être humain comme « corps, âme et esprit ». Refuser le concept d’âme, c’est refuser une part importante du message révélé.

 

                        Quant à l’autre justification du refus de prononcer le mot « âme » est que les gens auraient une représentation mentale de l’âme inspirée de conceptions philosophiques différentes de celles de la Bible. On a déjà rencontré ce refrain stupide à propos du « consubstantiel » : les fidèles ne sont pas des demeurés, et leurs pasteurs non plus, ce n’est quand même pas compliqué à exposer, et le catéchisme de l’Église catholique le fait très bien. – Et je ne vais pas une nouvelle fois déranger Alfred, qui nous a bien aidés pour le consubstantiel.

 

                        Même s’il s’agit ici de la traduction du missel, on peut faire une allusion au sort réservé au mot « âme » dans la traduction liturgique de la Bible. Très souvent le mot hébreux ou grec pour dire « âme » est rendu par « vie ». Pourquoi donc refuser systématiquement une traduction littérale ? Certes le mot en question est souvent synonyme de « vie », mais est-ce pour rien que Dieu a choisi de se révéler dans des cultures où l’on emploie le mot « âme » pour dire « vie » ? C’est une figure rhétorique bien connue, appelée synecdoque, qui consiste à prendre la partie pour le tout, ou comme ici le principe (l’âme) pour ce qu’il cause (la vie). On m’objecte qu’aucun traducteur moderne ne fait ce dont j’exprime le souhait, mais je ne fais que suivre l’exemple de Saint Jérôme qui rendait systématiquement le grec « psuchè » par « anima » : était-il donc un mauvais exégète, lui dont la traduction a fait autorité pendant un millénaire et demi ? D’ailleurs la nouvelle vulgate le suit dans son choix.

 

À nos doctes censeurs de la Révélation, je dédie ce poème d’Edmond Rostand :

« Ayez une âme ; ayez de l’âme ; on en réclame !

De mornes jeunes gens aux grimaces de vieux

se sont, après un temps de veulerie infâme,

aperçus que, n’avoir pas d’âme,

c’est horriblement ennuyeux.

Balayer cet ennui, ce sera votre tâche.

Empanachez-vous donc ; ne soyez pas émus

si la blague moderne avec son rire lâche

vient vous dire que le panache

à cette heure n’existe plus ! »

 

 

Una cum

 

                        Certains disent : « una cum ne signifie (généralement) pas "en union avec", mais : "et aussi", "en même temps" ; ainsi, dans le Canon, on aurait dû conserver l’ancienne traduction : "nous te les présentons avant tout pour ta sainte Eglise… nous les présentons en même temps pour ton serviteur notre Pape…", tandis qu’on a mis dans la nouvelle traduction "nous les présentons en union avec ton serviteur notre Pape" ».

                        Le Gaffiot dit ceci pour l’adverbe una : « ensemble, de compagnie, en même temps ». Puis il indique que una s’emploie souvent avec cum : cum illis una = de concert avec eux ; una cum reliqua Gallia Haeduis libertatem eripere = enlever la liberté aux Éduens en même temps qu’au reste de la Gaule. Bien sûr il faudrait voir les différents contextes, mais dans le premier cas « de concert avec eux » est bien proche de « en union avec eux », et dans le second, « en même temps que le reste » est bien proche de « en union avec le reste ».

                        D’ailleurs le Gaffiot est corroboré par le Quicherat/Daveluy/Châtelain (1920). Aux mots traduisant una selon Gaffiot, il ajoute « conjointement, à la fois ». Il indique aussi una mecum = avec moi.

Le sens littéral de l’expression una cum est « ensemble avec », et en français c’est un pléonasme. Mais on peut remarquer que cela correspond de près à l’allemand zusammen mit (sammeln signifie rassembler). Curieusement on retrouve exactement la même chose dans le swahili pamoja na, et c’est d’autant plus remarquable que moja signifie unum, précisément, tandis que na signifie cum ! (mais peut-être cette formule vient-elle des missionnaires belges au Congo, car on a en flamand tezamen met.)

                        Bref, si una cum peut signifier « ensemble avec » et si on ne peut employer cette formule en français, c’est le contexte qui nous indiquera comment traduire l’expression.

                        Il nous reste donc à réfléchir sur le sens de l’expression una cum dans la phrase in primis quae tibi offerimus pro Ecclesia tua sancta catholica (…), una cum famulo tuo Papa nostro… Littéralement cela donne « Nous t’offrons ces dons en premier pour ta sainte Église catholique, ensemble avec ton serviteur notre Pape ».

                        Toute la question est de savoir si le groupe introduit par una cum se rapporte au sujet nos compris dans offerimus ou bien s’il se rapporte au complément pro Ecclesia. Je suis partisan de la première solution : « Nous t’offrons ces dons pour ta sainte Église catholique, en union avec ton serviteur notre Pape ». L’opinion citée ci-dessus soutient la seconde : « Nous t’offrons ces dons pour ta sainte Église catholique, et aussi pour ton serviteur notre Pape ».

                        On doit reconnaître que cette phrase seule ne permet pas de trancher. On peut rêver d’une traduction qui conserverait l’ambiguïté du texte original, il faudrait peut-être y réfléchir.

                        Ce qui peut faire penser que la première solution est à retenir, c’est la présence du paragraphe Communicantes : avant la consécration, on indique ses titres à offrir le sacrifice, et c’est la communion avec l’institution ecclésiale, du ciel et de la terre, qui donne ces titres (pensez à l’insistance de Saint Jean pour que nous soyons en communion avec les Apôtres pour être en communion avec Jésus) ; cela explique peut-être que le Memento des vivants soit avant la consécration, et non après comme le Memento des défunts, car ceux-ci, en purgatoire, n’interviennent pas dans cette communion en vue de l’offrande.

                        En conclusion les deux points de vue peuvent être soutenus, sans qu’on doive voir une faute dans l’un ou l’autre.

                        (Ces considérations sont plus importantes qu’il n’y paraît, du fait que les sédévacantistes – qui pensent que la chaire de Pierre est vacante depuis le concile Vatican II – refusent de dire le membre de phrase commençant par una cum.)

 

 

zaiçeur

 

                        On a éprouvé le besoin de rajouter « zaiçeur » après le mot « frères ». On s’en justifie en disant que le texte latin comporte en un endroit quelque chose d’analogue, avec l’expression famulorum famularumque tuarun (tes serviteurs et tes servantes). Mais si cela se trouve une fois dans le texte original, pourquoi faut-il que cela se trouve un grand nombre de fois dans la traduction ? Il faut donc le répéter : en français comme en latin, le masculin grammatical est un genre moins spécifique que le féminin. Ainsi en français le pronom « il » est utilisé non seulement pour les mots masculins, mais aussi pour le neutre (par exemple « il pleut ») ; de même, et ce dans les deux langues, un masculin pluriel peut désigner soit un ensemble d’êtres dont les noms sont masculins, soit un ensemble d’êtres dont les noms sont soit masculins soit féminins, et c’est le cas de « frères » dans les épitres de Saint Paul et dans nos textes liturgiques latins.

                        On ne peut que regretter que l’Église donne des gages au féminisme, dans un de ses aspects ridicules. Si un garçon venait à refuser qu’on mette un « E » à « élève » quand ce mot le désigne, parce qu’il est un garçon, tout le monde trouverait cela ridicule ; mais si une de ses enseignantes exige qu’on mette un « E » à « professeur » parce qu’elle est une femme, personne n’ose lui faire remarquer qu’elle est ridicule ! Qu’on n’invoque pas les précédents de « prieure » ou « supérieure » : ces mots dérivent non pas de noms latins, mais d’adjectifs substantivés ; prior et superior sont des comparatifs (sans positifs), dérivant respectivement de la préposition prae (devant) et de l’adverbe supra (au dessus), et leurs superlatifs sont primus et supremus. Il convient de ne pas brader ce qui fait l’homogénéité de la langue française, qui vient de son appui sur le latin.

                        On peut admettre l’usage recommandé par l’Académie Française : un mot ne devrait pas changer de genre, s’il indique une fonction, mais il devrait le faire, s’il s’agit d’une activité. Ainsi ministre devrait rester masculin, mais cultivateur devient à juste titre cultivatrice.

                        Mais pour rester dans la logique du latin, on pourrait adopter sans inconvénient l’usage latin de mettre au masculin ou au féminin un même nom selon qu’il désigne une personne masculine ou féminine (ainsi bonus nauta désigne un bon marin, et bona nauta un bonne … marinette, si l’on veut bien me pardonner ce dernier mot !). Car si l’on objecte à ce qui précède que depuis longtemps on peut dire indifféremment un bon élève et une bonne élève, je réponds que je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’on écrive une bonne professeur – sans « E », donc.

                        Ceci dit on devrait prévoir, dès le missel en latin, la possibilité de dire sorores au lieu de fratres chaque fois qu’on s’adresse à une assemblée exclusivement féminine. Car si l’on veut éviter le ridicule, on peut commencer par là.

 

 

Adaptation et simonie ?

 

                        Certaines formules, dans cette nouvelle traduction, laissent songeur : elles s’éloignent de l’original latin, sans qu’on puisse discerner de nécessité, ni quant au style français, ni quant à une éventuelle idéologie. Après avoir donné trois exemples, il faudra émettre une hypothèse à ce sujet.

 

                        La première se trouve dès le début de l’ordinaire de la messe. L’introduction à l’acte pénitentiel, en latin, est :

Fratres, agnoscamus peccata nostra, ut apti simus ad sacra mysteria celebranda.

Ce qui se traduit naturellement :

(En) frères, reconnaissons nos péchés, afin que nous soyons aptes à célébrer les mystères sacrés.

Pourquoi donc l’ancienne traduction était-elle la suivante ?

« Préparons-nous à la célébration de l’eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. »

On reconnaît là la tendance déjà mentionnée d’une volonté de minorer la conscience du péché concret. Heureusement cette traduction était facultative, on pouvait utiliser une autre formule au gré du célébrant, si bien que plusieurs célébrants usaient d’une traduction fidèle.

Or la récente traduction dit :

Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

Mais reconnaître qu’on a péché plutôt que reconnaître ses péchés, c’est ce que font les fidèles qui pratiquent habituellement les prétendues « absolutions collectives » : n’ayant pas à dire leurs péchés concrets, ils ne font plus guère d’examen de conscience, et quand heureusement ils reviennent à la confession personnelle, ils ne savent pas quoi dire les premières fois. Ce qui doit être reconnu pour être pardonné – et c’est le pardon qui rend apte à la participation à la messe – ce sont les péchés concrets.

                        Pourquoi une telle adaptation ?

 

                        Un autre exemple d’adaptation incompréhensible se trouve dans l’introduction à certaines préfaces. En latin, un grand nombre de préfaces commence par l’expression :

Vere dignum et justum est, aequum et salutare,…

Cela se traduit naturellement par :

« Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire,… »

Alors pourquoi a-t-on mis ceci dans la version récente ?

« Vraiment il est juste et bon, pour ta gloire et notre salut,… »

On n’a rien contre la mention de la gloire de Dieu, mais enfin elle ne se trouve pas dans le texte original. Après tout, ce n’est pas inutile qu’un prédicateur explique ce qu’ajoute la notion d’équité à celle de justice : élever le niveau culturel des fidèles contribue à les rendre mieux à même de comprendre la Révélation.

                        Pourquoi une telle adaptation ?

 

                        Notre troisième exemple de sotte adaptation est plus grave car elle figure dans les paroles mêmes de la consécration. Là où l’original latin dit, dans la première prière eucharistique :

tibi gratias agens benedixit

qu’on traduit normalement ainsi :

en te rendant grâce il bénit

On trouve en fait dans le nouveau texte français :

en te rendant grâce il dit la bénédiction.

Cela se répète dans la troisième prière eucharistique et quelque chose de semblable se remarque encore dans la quatrième. Or rien ni dans le texte liturgique ni dans les deux vulgates ne justifie cette adaptation. Le texte latin permet d’interpréter que les paroles de la bénédiction ne font qu’un avec les paroles de l’action de grâce, le texte français laisse entendre que ces paroles sont distinctes.

                        Pourquoi une telle adaptation ?

 

                        Pourquoi, donc ? Nous ne pouvons qu’émettre une hypothèse. Si le texte est une traduction, on ne peut prétendre qu’à des droits de traducteur, qui sont cinq fois moindres que des droits d’auteur, auxquels on peut prétendre en cas d’adaptation.

                        Or il est avéré que les épiscopats des pays francophones riches ont demandé des droits d’auteur, précisément en arguant du fait que leurs textes sont des adaptations. Et à ce sujet, Mgr Gueneley, Mgr Aubertin et Mgr Le Gall ont déclaré dans la revue « L’Homme Nouveau » en 2012 que cela ne changerait pas car c’était conforme à la loi civile. Mais - faut-il le rappeler ? – Benoît XVI soutenait que les traductions liturgiques ne sont pas le lieu de l’adaptation. Et surtout comment ose-t-on en appeler à la loi civile quand elle va contre l’évangile, où Jésus dit : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » Personne ne conteste cette autre parole de l’évangile : « Tout travail mérite salaire. » Bon, mais enfin quand les frais de traduction sont remboursés, les textes liturgiques, scripturaires ou non, doivent être libres de tous droits. Sinon on a affaire à de la simonie.

                        Voici en effet la définition de la simonie donnée par les évêques français eux-mêmes, sur le site de leur conférence : elle « désigne toute forme de trafic d’objets sacrés, de biens spirituels ou de charges ecclésiastiques. » Pour dire que réclamer des droits sur des textes liturgiques ne constitue pas de la simonie, il faut dire que ces textes ne sont pas des biens spirituels ! Dès lors qu’on en fait commerce, il y a bien trafic, commerce honteux. Il y a même blasphème à se considérer comme auteur de l’Ecriture Sainte, quand c’est l’Esprit Saint qui en est le véritable auteur. D’autre part, comme l’ont justement fait remarquer les trois évêques précités, les traductions liturgiques ne sont pas une nouveauté (ce qui est une nouveauté, c’est leur caractère officiel, qui n’existait pas tant que la liturgie était en latin) : les traducteurs actuels bénéficient, pour la plupart des textes, de plusieurs siècles d’expérience.

 

                        Il est très simple de remédier à cette situation et de la prévenir pour le futur : l’Eglise doit légiférer, en disant que les traductions liturgiques doivent être libres de tout droit dès que les frais de traduction sont couverts ; il serait bon d’ajouter que si ce remboursement prend plus d’un nombre d’années à déterminer, des comptes doivent en être rendus au Saint-Siège. Je l’ai demandé en 2012 au cardinal Cañizares Llovera, alors préfet de la Congrégation pour le Culte Divin, mais on peut ne pas penser qu’il a entendu parler de ma lettre ; j’ai réitéré ma demande à son successeur le Cardinal Sarah, mais on peut ne pas penser qu’il a entendu parler de ma lettre ; je l’ai encore demandé au Pape François en 2021, mais on peut penser qu’il n’a pas entendu parler de ma lettre. Pourtant il s’agit là d’une tache institutionnelle sur la robe de l’Eglise, que le Christ veut se présenter immaculée…

                        Il est à souhaiter que mes demandes répétées soient enfin relayées par des évêques : Dieu peut-Il bénir le ministère de simoniaques ? Et que penseraient les adversaires de l’Eglise si le peuple chrétien, excédé, en venait à rendre public cet abus en organisant une supplique sur la toile ?

 

 

En conclusion

 

                        Il faut avant tout saluer les progrès accomplis. Mais on ne peut se dissimuler que des idéologies ont encore influencé le traducteur récent, et après cinquante ans de discussions et quinze ans de travaux, on aurait dû obtenir un résultat très proche de la perfection : c’est loin d’être le cas.

                        Il reste que maintenant plus personne ne peut nous contester le droit de critiquer les traductions liturgiques. On nous objectait que ce n’était pas permis, puisqu’elles avaient été approuvées par l’autorité compétente. Pourtant les rectifications apportées à l’ancienne version dans la nouvelle montrent que celle-là n’était pas parfaite, il s’en faut de beaucoup. Donc que penser de l’approbation du texte actuel ? La même chose que de l’approbation précédente : elle n’empêche pas la critique raisonnée.

                        Et puis que dire de cet argument qui voulait que la modification de l’ancienne traduction était nécessitée par l’évolution de la langue ? Ceux qui l’ont soutenu seraient bien en peine de nous exposer en quoi les modifications apportées tiennent à une évolution du français qui, rappelons-le, n’a évolué que de façon homogène depuis la création de l’Académie Française.

                        Nous continuerons donc à demander des traductions fidèles, quels que soient les arguments, fussent-ils romains, qui voudraient accorder au traducteur la liberté de l’adaptation. Les textes liturgiques font partie de la Tradition : c’est absolu pour les textes tirés de l’Ecriture Sainte, ce l’est moins pour les autres textes, mais les plus vénérables d’entre eux, comme le canon romain, relèvent de la Révélation. Il est inconcevable qu’on accorde au traducteur un droit de tripatouiller la Révélation.

                        Nous demandons aussi que les Pasteurs soient attentifs à ce que les enfants des familles chrétiennes reçoivent une formation littéraire approfondie : nous avons des Saintes Ecritures, il faut que tous soient capables de les comprendre ; or certaines fautes dans la nouvelle traduction montrent qu’une partie au moins des collaborateurs n’a pas maîtrisé ce qu’ils écrivaient en français. Une réflexion similaire, d’ailleurs, s’applique à l’histoire : nous avons une date dans notre credo – sous Ponce Pilate – et il faut développer la conscience historique des enfants des familles chrétiennes. Les pasteurs ne peuvent pas abandonner la transmission de la culture à des impies qui veulent faire du passé table rase, jusqu’à souhaiter que les gens ne comprennent plus ce qu’écrivaient leurs ancêtres : nous ne pouvons nous résigner à ce que la langue de Saint Jean Eudes, de Saint François de Sales, et de tant d’autres, tombe au rang de langue morte.

                        Nous demandons, encore, qu’on applique enfin le Concile Vatican II qui voulait que le latin soit largement pratiqué dans la liturgie de tous les fidèles. Or à l’évidence la quasi-totalité des collaborateurs à la nouvelle traduction n’utilise pratiquement jamais le latin dans sa prière. La suppression à peu près totale du latin fut un grave abus de pouvoir spirituel ; des traductions liturgiques infidèles le sont aussi.

 

                                               Abbé Bernard Pellabeuf

                                               A Angers, aux Justices,

                                               en la fête de la Présentation du Seigneur 2022.

 

 

Annexe : réflexions éparses sur les textes du début de la messe.

Elles montrent qu’il serait fastidieux de traiter tout l’ordinaire de la messe.

 

LA        Liturgiam Authenticam

ATr      Ancienne Traduction

NTr      Nouvelle Traduction

TRm    Texte Romain

 

 

Salutation au début de la messe

TRm Gratia Domini nostri Jesu Christi, et Caritas Dei, et communicatio Sancti Spiritus, sit cum omnibus vobis.

ATr La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint, soient toujours avec vous.

NTr La grâce de Jésus le Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père, et la communion de l’Esprit Saint, soient toujours avec vous.

 

On remarque immédiatement que la volonté de suivre avec précision le texte latin n’est toujours pas d’actualité. Toutefois l’ajout de « Christ » est une bonne chose.

On peut regretter la mention explicite du Père : elle n’est pas dans TRm, qui est allusif, et provoque ainsi à la méditation. Le Père n’est pas mentionné chaque fois que possible dans la prière eucharistique, alors qu’elle lui est adressée.

On a gardé le changement, dont on ne voit pas l’utilité, de « avec vous tous » du TRm, en « toujours avec vous ». Pourquoi une telle adaptation ?

Dans la forme suivante de la salutation on a suivi de beaucoup plus près le TRm, mais on a fait l’ajout de « soient toujours avec vous » qui ne s’impose pas.

 

Acte pénitentiel

Ensuite vient l’acte pénitentiel, auquel le prêtre invite les fidèles, en disant :

TRm Fratres, agnoscamus peccata nostra, ut apti simus ad sacra mysteria celebranda.

(Frères – ou en frères – reconnaissons nos péchés, afin d’être dignes de célébrer les mystères sacrés.)

NTr Frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

ATr Préparons-nous à la célébration de l’eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs.

On salue ici le fait qu’on n’ait pas rajouté, comme dans ATr, la mention « par exemple » - ce genre de porte ouverte à l’improvisation donnait à la célébration un caractère négligé.

On remarque là encore que TRm n’est pas suivi au plus près sans qu’il en résulte une plus grande clarté. La mention du mot mystère va dans le bon sens, mais l’ajout du mot eucharistie, là encore, va contre le caractère allusif et donc méditatif de TRm.

Un point positif est quand même l’adoption d’une formule plus concrète pour parler du péché. Être pécheur est une disposition, alors que les péchés sont des faits. Il est bon que l’acte pénitentiel de la messe soit en rapport avec le sacrement de la réconciliation, qui doit porter sur des péchés et non sur des défauts. Dommage cependant qu’on ne soit pas allé jusqu’au bout de la démarche, en mentionnant directement « nos péchés ».

 

TRm Confiteor Deo omnipotenti, et vobis fratres, quia peccavi nimis cogitatione, verbo, opere et omissione : mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. Ideo precor beatam Mariam semper Virginem, omnes Angelos et Sanctos, et vos, fratres, orare pro me ad Dominum Deum nostrum.

NTr Je confesse à Dieu tout puissant, je reconnais devant vous, frères et sœurs, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ; oui j’ai vraiment péché. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, frère et sœurs, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

Mettre « je reconnais devant » là où on devrait avoir « et à » dissocie la démarche vis-à-vis de Dieu de la démarche vis-à-vis des frères (et sœurs, on ne reviendra pas sur cette incongruité) ; or il convient d’affirmer que le même péché qui offense Dieu offense aussi l’Eglise, et donc les frères.

On a malencontreusement omis le mot « beaucoup » devant péché.

Oui j’ai vraiment péché n’est pas une idée fausse, simplement ce n’est pas une traduction. La gradation de l’expression du TL « par ma faute, par ma faute, par ma très grande faute, permet pourtant d’aider à prendre conscience de sa responsabilité dans le péché.

On a omis le mot « toujours » devant « Vierge », comme si l’on adoptait l’idée de certains protestants que la Sainte Vierge pourrait avoir eu des enfants après Jésus, ce qui est méconnaître la grâce propre de la virginité, spécialement celle de la Mère du Christ et de l’Eglise.

On a supprimé les majuscules de « anges » et de « saint ». Or LA voulait que la présentation du missel latin elle-même soit respectée (N° 66). On peut aimer que ce soit jusque dans ce genre de détail.

 

Dans les invocations de la troisième forme de l’acte pénitentiel on a dans le TRm contritos corde, qui est rendu dans NTr par « les cœurs qui reviennent vers toi » au lieu de « ceux qui ont le cœur contrit ». Cela renforce l’impression que le traducteur minimise le sens du péché ; et cela ne permet plus de faire, à partir du texte liturgique, une catéchèse sur la contrition. Or le rituel du sacrement de la réconciliation comporte un acte de contrition…

 

On a gardé, pour traduire le Kyrie eleison, le barbarisme « Seigneur prends pitié ». La formule est devenue tellement habituelle qu’il faut rappeler qu’en français correct on devrait dire « Seigneur prends-nous en pitié ». Ce n’est pas parce qu’un poète a employé ce barbarisme qu’on doit l’adopter, surtout que le contexte de cet emploi est fort loin de préoccupations liturgiques chrétiennes. (Il s’agit des « Litanies de Satan » dans Les Fleurs du Mal, de Baudelaire.) Même si l’on pense que cette faute n’est pas bien grave, on doit reconnaître que le traducteur a été mal inspiré.

De toute façon, il vaudrait mieux ne pas traduire en français les mots et expressions qui ont été conservées telles quelles dans le missel latin. Les historiens de la liturgie pourront dire : à l’origine à Rome la liturgie était célébrée en grec, la trace s’en est maintenue dans le kyrie jusqu’à ce que les barbares du XXème siècle y mettent fin. On peut donc proposer de revenir systématiquement, à toutes les messes, à la version grecque du kyrie.

 

Le Gloria.

L’expression « aux hommes qu’il aime » a déjà fait couler beaucoup d’encre ; elle peut se justifier, autant que « aux hommes de bonne volonté ». Simplement cette dernière version a l’avantage de suivre au plus près le texte latin, et donc d’en permettre une meilleure compréhension : cette préoccupation devrait être habituelle chez tous les pasteurs d’un rite latin. On peut préférer réserver à la prédication les interprétations.

Un motif de grande satisfaction est l’adoption du pluriel pour « les péchés du monde », qui correspond bien à peccata mundi. C’est vrai que l’origine de l’expression se trouve dans la bouche de Saint Jean-Baptiste (Jn 1,29), et elle s’y trouve au singulier ; mais justement si l’Eglise a choisi de modifier cette formule, c’est qu’elle a une intention qu’il importe de respecter. L’intérêt du pluriel est qu’il parle de la réalité concrète de nos péchés, tandis que le singulier n’évoque qu’une sorte d’abstraction. Notons ici que la même correction de ATr a été opérée dans l’Agnus Dei.



18/06/2022
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