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Août 1985 : Jean-Paul II vient à Kinshasa pour la béatification de Sœur Anuarite. Or Bukavu en est éloigné de 1500 kilomètres et cela explique qu’y ayant vécu déjà deux ans je ne sois jamais allé à la capitale. Ce serait faire d’une pierre deux coups : aller à la rencontre du Saint Père en une occasion importante pour le pays où je sers, et connaître enfin l’autre bout du pays.

Il y a un problème, cependant : je ne connais personne là-bas, où donc vais-je loger, avec mes finances en sempiternelles difficultés ? Pour ma chance, l’évêque auxiliaire de Kinshasa vint à passer à Bukavu et visita le petit séminaire Mugeri : on lui soumit mon problème et il affirma qu’il allait s’en charger. Quelques jours après, un message arriva de Kinshasa : il m’avait trouvé une chambre dans une maison des Pères Scheutistes.

Deux surprises m’attendaient. D’abord le Frère Belge chargé de la maison m’accueillit fort bien mais me posa toutes sortes de questions avec une insistance un peu bizarre. A un moment de la conversation il fit « Ah, bon ! » et son interrogatoire cessa soudain : il avait le renseignement qu’il cherchait. Je ne voyais pas ce qui dans la conversation pouvait avoir une si grande valeur pour lui, mais peu m’importait.

L’autre surprise était que cette maison était réservée aux étudiants scheutistes de passage : même les Pères scheutistes ne pouvaient y être admis. J’étais donc un privilégié.

Vers la fin de mon séjour se présentèrent des gens sympathiques auxquels le bon Frère présenta tout le monde. Quand vint mon tour, il déclara que j’étais de l’Opus Dei.

- Mais je ne suis pas de l’Opus Dei !

- Mais c’est vous-même qui me l’avez dit !

Interloqué, je cherchais ce que j’avais bien pu lui dire qui l’avait ainsi enduit en erreur. Je compris soudain :

- Mais non ! Je ne suis pas Opus Dei ! Je suis Fidei Donum !

Pour le cher Frère, les gens de l’Opus Dei devaient avoir tous les droits et tous les passe-droits…