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Mission au Kirghizistan

Ce texte a été rédigé début 2003, comme circulaire de vœux pour mes parents et amis.

 

 

Le 23 juillet on a commencé à me parler du Kirghizistan. J’ai dû me plonger dans mon atlas à la page de la Chine... Et le 10 août j’arrivais à Manas, où se trouve l’aéroport international de Bichkek (qui s’appelait Frounzé au temps de la colonie russe). Sur cet aéroport il y avait une base américaine. Un détachement français de 400 personnes y était aussi depuis février, avec six " mirage 2000 " et deux avions ravitailleurs. Ils survolaient tous les jours l’Afghanistan, prêts à soutenir les troupes au sol, et au début ils ont eu plusieurs fois à tirer des missiles. A la fin, c’était seulement pour le cas où on aurait rencontré une résistance imprévue.

 

En tout cas cela a été pour moi une occasion de nombreuses découvertes, et d’abord l’armée de l’air en opérations à l’étranger. Nous, nous étions au calme, dans un pays tranquille et accueillant. Mais les équipages des avions avaient des missions longues et difficiles, certes pas exemptes de danger. C’était intéressant de voir comment fonctionne le soutien de ces missions de guerre. Un simple exemple : le sauvetage des équipages éjectés en parachute incombait aux Espagnols ; mais comme leurs hélicoptères ne pouvaient pas monter suffisamment dans les montagnes, il y avait aussi une cellule qu’on pouvait parachuter en haute altitude pour porter secours à des équipages blessés et les ramener à portée des hélicoptères. Heureusement ils n’ont pas eu à faire autre chose que des exercices. N’empêche, c’est du sport.

 

Et puis il y avait la collaboration internationale. Huit pays étaient représentés dans le camp. L’aumônier en chef américain était un catholique, mais il y avait aussi des protestants : un Américain, un Néerlandais, un Danois, un Norvégien... Le confrère américain a perdu sa mère et est retourné aux Etats-Unis pour quinze jours. J’ai dû le remplacer pour quatre messes en anglais - j’ignorais que je savais dire la messe dans cette langue, mais cela ne s’est pas mal passé. Il y a même un colonel qui a dit que mon anglais était excellent : c’était le chef du détachement coréen !

 

Enfin il y a eu la découverte du pays. Bien que je sois resté un peu trop confiné pour mon goût, j’ai quand même eu là de quoi réfléchir. Les Kirghizes sont des nomades, aujourd’hui encore, beaucoup habitent sous des yourtes et se déplacent pour la transhumance. Ces cavaliers élèvent aussi des moutons, des bovins et même des yacks. Romantisme à part, le saucisson de yack n’a guère de goût. Il y a des vallées très fertiles où l’agriculture est très riche. Les montagnes culminent à 7500 mètres (au pic du Communisme et au pic Lénine, par exemple - cela m’a rappelé le Lac ex-Idi-Amin-Dada, entre le Zaïre et l’Ouganda). Ces montagnes ont ceci de particulier qu’il n’y a pas de forêt, on passe directement des pâturages aux rochers et à la glace. Cela donne des paysages grandioses, mais ce n’est pas sans poser de problème, car les forêts ont disparu à cause des incendies des pasteurs : l’herbe est meilleure là où la forêt a brûlé, c’est donc de l’élevage sur brûlis, en quelque sorte. Il faudrait reboiser en urgence, mais je ne crois pas que la population y soit prête, ni qu’il y ait une volonté politique.

 

En tout cas les Kirghizes nous ont bien accueillis et les Français ont la cote : un exemple amusant est la tour Eifel de huit mètres de haut qu’ils nous ont donnée pour le quatorze juillet. Elle a trôné sur la place du détachement français dans le camp, et les Américains venaient se faire photographier là-devant ! Elle est aujourd’hui devant notre agence consulaire. A la rentrée 2001, il y avait quinze inscrits à l’Alliance française ; à la rentrée 2002, ils étaient trois fois plus. La France représente aujourd’hui pour eux autre chose que ce qu’ils voient de la révolution de quatre-vingt-neuf au musée Lénine de Bichkek.

 

Car la statue du grand homme trône encore dans la capitale de cette ancienne colonie soviétique qui n’a pas vraiment tourné la page. J’y suis allé faire mes dévotions : d’un mouvement ample il semble désigner les lendemains qui chantent, j’ai conseillé à un aviateur qui m’accompagnait de le prendre en photo de manière que son pouce soit sur son nez. L’économie est désorganisée, et certains regrettent l’ancien régime, sans se rendre compte que ce sont les erreurs de celui-ci qui les ont maintenus dans le sous-développement. Par exemple, dans les plaines il y a des travaux considérables d’irrigation, abandonnés et parfaitement inutiles, puisqu’avec une nappe phréati

 

(...)

 

 

J'espère retrouver la fin du texte...



04/06/2020
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