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Message de Pie XII aux catéchistes des Etats-Unis (1946)

Radiomessage de Pie XII

Au VIIIème congrès national catéchistique

Des Etats-Unis à Boston

(26 octobre 1946)

 

Au VIIIème congrès national organisé aux Etats-Unis par l’importante Confrérie de la doctrine chrétienne, si répandue dans ce pays, le Saint-Père a rappelé l’importance de la connaissance de Dieu et de Jésus Crucifié, la mission d’enseignement confiée par Lui à l’Eglise et la nécessité de l’instruction religieuse.

 

Vénérables Frères de l’épiscopat, bien-aimés fils du clergé séculier et régulier, Nos très chers enfants laïques, tous membres du Corps du Christ (I Cor., 12, 27), qu’il est admirable que vous ayez répondu avec un si loyal et si saint enthousiasme à l’invitation du zélé archevêque de Boston au large cœur, et que des vastes régions des trois Amériques on soit accouru en foule à ce congrès national ! Ce Corps, dont vous êtes membres, a été menacé. Ce Corps du Christ qui est son Eglise (Eph., 1, 23) a été menacé non seulement par des puissances hostiles du dehors, mais aussi par des ferments intérieurs de faiblesse et de décadence. Vous avez été alertés du danger. La croissante faiblesse, le mouvement de dévitalisation qui se poursuit – Nous le disons non sans tristesse dans Notre cœur – dans quelques régions de l’Eglise, est dû principalement à l’ignorance ou, plutôt, à une connaissance très superficielle des vérités religieuses enseignées par l’affectueux Rédempteur de tous.

Oh ! Nous sommes pleinement au courant des magnifiques résultats réalisés par les missions catholiques parmi les infidèles à travers le monde ; trois millions et plus sont instruits dans la foi, près d’un demi-million entrent dans l’Eglise chaque année. Et l’instruction des nouveaux convertis ne s’arrête pas après le baptême ; avec la ferveur de ceux qui ont trouvé un trésor insoupçonné, ils sont avides d’accroître et d’approfondir leur connaissance de l’éternelle vérité ; et les missionnaires, prêtres, frères et sœurs, qu’assistent leurs dévoués catéchistes laïques, ne trahissent pas ces désirs. Mais votre congrès s’est intéressé davantage à ceux qui vivent en des contrées où la vraie foi a prospéré pendant des générations, qui sont nés de parents catholiques et baptisés comme il le faut ; et c’est à eux que Nous pensons quand Nous disons que la vigueur de l’Eglise et sa croissance sont menacées par leur trahison à garder la foi qu’ils professent.

 

Dieu n’est pas un mot vide.

Au moment de sa Passion, ayant achevé la dernière Cène, à peine une heure ou deux seulement avant d’entrer dans l’écrasante agonie de Gethsémani, entouré de ses apôtres qui, à cause de leur faiblesse à tous en ce moment, s’attachaient à Lui avec la plus profonde affection de leurs cœurs, Jésus, levant les yeux au ciel, parla : « Père, l’heure est venue ! Glorifie ton Fils, pour que ton Fils te glorifie, et … qu’Il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul véritable Dieu, et ton envoyé, Jésus-Christ » (Jean, XVIII, 1-3).

Connaître le seul vrai Dieu, savoir qu’il existe, savoir qui il est, c’est le premier pas, indispensable, vers la cité éternelle. Or Dieu n’est pas un mot vide appliqué à quelque fantôme, évoqué des sombres profondeurs du paganisme. Dieu n’est pas quelque idée abstraite apprêtée par les penseurs dans une langue séduisante pour capter l’adulation d’hommes ou de femmes vains et égoïstes, et il ne doit pas être identifié non plus avec l’institution la plus palpable appelée l’Etat qui, par moment, prétendrait se glorifier d’être lui-même la source et la fin de tous les droits et devoirs comme des libertés de l’homme. Avant l’origine de toutes ces choses, le seul vrai Dieu, votre Dieu, existait déjà. Il transcende tout ce qui est, et tout ce qui existe tient de lui son existence. « Avant que les montagnes fussent nées, enfantés la terre et le monde, de toujours à toujours tu es Dieu » (Ps., LXXXIX, 2). « Depuis longtemps tu as fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; eux périssent, toi tu restes, tous comme un vêtement ils s’usent, comme un habit qu’on change tu les changes ; mais toi, le même, sans fin sont tes années » (Ps., CI, 26-28). Des millions d’hommes peuvent se hâter le long des rues, dans les grandes villes, absorbés par leurs affaires, ou leurs plaisirs, ou leurs peines, sans jamais penser à Dieu, et cependant, le seul vrai Dieu n’en est pas moins réel ; c’est lui qui les soutient dans leur existence. Des hommes s’assemblent pour élaborer les lois d’un peuple ou avec le but digne d’éloge d’arracher leurs compagnons aux marécages de misères ou de désespoir où les a jetés l’injustice, en même temps que, délibérément, ils excluent la reconnaissance du suprême Législateur et du Souverain universel, et cependant le seul vrai Dieu n’en est pas moins réel pour cela. Et s’il a donné à sa créature, l’homme, la faculté spirituelle de délibérer et d’agir en pleine liberté, il lui demandera très certainement un compte strict de ses pensées comme de sa conduite. Saint Paul l’enseignait clairement quand il écrivait aux Romains : « Tous, en effet, nous comparaîtrons au tribunal de Dieu. C’est donc que chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même » (Rom., XIV, 10, 12).

N’est-ce pas cette négation ou négligence de Dieu, Créateur et Juge suprême de l’homme, qui est la source principale de ce flot montant du mal qui épouvante les esprits sérieux de nos jours et couvre le sentier de la vie humaine de tant de foyers brisés ? Si des hommes croyant en Dieu, pour faire encore écho à Saint Paul, si des hommes croyant en Dieu ne le glorifient pas comme Dieu, ne lui rendent pas grâces, s’il enferment leur foi dans le réduit caché de leur chambre intime, alors que l’impudeur, la méchanceté, l’avarice et toutes les formes de perversité ont le plein usage du salon et de tous les rendez-vous publics, est-il surprenant que Dieu les ait livrés dans les désirs luxurieux de leurs cœurs à l’impureté, de sorte que les femmes ont changé l’usage naturel en ce qui est contre nature, que les hommes soient devenus pleins d’envie et de pensées homicides, de querelles, pleins de haine envers Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, rebelles à leurs parents, sans affection, sans fidélité, sans miséricorde ? (Rom., I, 18-32). Il faut amener les hommes à prendre conscience du fait que Dieu existe, de leur pleine dépendance à l’égard de sa puissance, de son amour, de sa miséricorde ; et de leur obligation morale de régler leur vie de chaque jour d’après sa volonté très sainte.

Et cela serait-il si difficile à apprendre ? Dieu ne l’a-t-il pas rendu clair pour ceux qui cherchent à savoir ? Dans la première des deux lettres que Saint Paul envoyait à sa communauté de Corinthe, il leur rappelle que la première fois qu’il vint parmi eux il professait ne connaître qu’un seul sujet. C’était Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. Certes, Saint Paul était un homme instruit et cultivé, bien versé dans la loi, un universitaire, comme on l’appellerait aujourd’hui, et pourtant, comme pasteur des âmes, il n’avait qu’un intérêt qui l’absorbait, qu’un désir qui le consumait, c’était d’amener son peuple à Jésus crucifié. Car c’est, il le savait, la vie éternelle que connaître le seul vrai Dieu et Celui qu’il a envoyé : Jésus-Christ.

 

Connaître Jésus-Christ crucifié.

Connaître Jésus-Christ crucifié, c’est connaître l’amour infini de Dieu pour l’homme. « Il a manifesté son amour pour nous en cela qu’il a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui » (Jean, IV, 9). « Et nous avons vu – c’est encore le disciple que Jésus aima qui parle – et nous attestons que le Père a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde » (I Jean, IV, 14). « Si Dieu nous a ainsi aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres » (ibid., VI, 11).

Connaître Jésus crucifié c’est connaître l’horreur de Dieu pour le péché. Sa culpabilité ne peut être effacée que dans le sang précieux du Fils unique de Dieu devenu homme.

Peut-être que le plus grand péché dans le monde d’aujourd’hui, c’est que les hommes ont commencé à perdre le sens du péché. L’étouffer, l’amortir – on peut difficilement l’arracher du cœur de l’homme – ne pas permettre qu’il s’éveille par quelque rayonnement du Dieu-Homme mourant sur la croix du Golgotha pour payer la peine du péché, et que reste-t-il pour empêcher les hordes de l’ennemi de Dieu de déchaîner l’égoïsme, l’orgueil, la sensualité et les ambitions illégitimes de l’homme pécheur ? Une législation purement humaine suffira-t-elle ? Ou des conventions et des traités ? Dans le sermon sur la montagne, le divin Rédempteur a indiqué le sentier qui mène à la volonté du Père et à la vie éternelle ; mais le gibet du Golgotha coule à peins bords et sans cesse le torrent de grâces, de forces et de courage qui seul peut rendre l’homme capable de suivre ce sentier d’un pas ferme et infaillible.

 

L’Eglise a le mandat divin d’enseigner.

Ces grâces sont canalisées jusqu’à nos âmes par l’Eglise. L’œuvre du Christ n’était pas encore accomplie à sa mort. Dans un sens, elle n’était que commencée. Il a achevé, parfaitement achevé l’œuvre que lui avait assignée son Père à accomplir dans un corps mortel. Mais il vivrait pour assurer que ses bien-aimées créatures profiteraient de la rédemption qu’il avait accomplie. Et ainsi il annonça à ses disciples qu’il allait bâtir une Eglise ; son fondement, la base de sa force et de son unité, serait l’un d’eux, Pierre. Inébranlable contre les puissances du mal, imperturbable parmi l’écroulement des institutions purement humaines, recevant toujours son extension et son unité de celui qui, dans une ligne continue et sans brisure, serait le successeur du premier vicaire du Christ, elle doit subsister jusqu’à ce que le temps et l’espace ne soient plus, jusqu’à ce que le livre de l’histoire humaine soit fermé. Il lui donna le mandat divin d’aller de l’avant et d’enseigner tous les hommes de toutes les nations. Elle serait le soutien et le principal appui de la vérité. Elle serait la mère sainte communiquant à ses enfants la vie de foi et de sainteté qui est le gage de la vie éternelle. Elle serait son épouse bien-aimée pour laquelle il s’est livré afin de la sanctifier, pour la faire paraître sainte et sans tache (Eph., V, 26 s.)

Tel est l’appel éveilleur d’âmes transmis du cœur du Christ au congrès national, alors qu’il s’apprête à clore des jours remplis d’activité spirituelle et apostolique : c’est que l’Eglise soit sainte et sans tache. Il ne peut en être ainsi que si ses membres comprennent la plénitude de la beauté de leur foi et leurs obligations comme membres du Corps du Christ. Car sûrement être tenu d’être saint et sans tache aux yeux de Dieu est une belle chose, n’est-ce pas ? C’est refléter, bien qu’imparfaitement, la sainteté véritablement immaculée de Dieu.

 

Nécessité de l’instruction religieuse. Le rôle des laïques.

L’instruction religieuse est donc nécessaire ; elle est indispensable, non seulement pour les enfants dans les écoles du dimanche (classes de catéchisme) et pour la jeunesse grandissante dans les classes supérieures. L’instruction religieuse devrait avoir une place d’honneur au collège et dans les cours d’université. Des millions d’hommes, vous le savez bien, n’entrent jamais au collège ou à l’université, et pourtant de leur sein sortiront des leaders dans les sphères de la vie nationale. Vont-ils aborder leurs devoirs avec la très maigre et superficielle connaissance de leur Dieu, de leur affectueux Rédempteur et de leur Mère l’Eglise ? Quel vaste champ à moissonner s’ouvre au labeur de votre zèle ! Et combien profonde est la consolation qui remplit Notre cœur de Père quand nous apprenons les progrès constants que vous faites, stimulés par la direction et l’exemple de vos évêques, vers la récolte de cette moisson. Les prêtres ne suffiront pas à l’œuvre ; les religieuses, auxquelles l’Eglise en Amérique est redevable d’une dette si incalculable, n’y suffiront pas. Les laïques doivent prêter leur vaillant concours et, les premiers de tous, les parents catholiques devraient estimer que c’est leur devoir sacré de s’instruire de telle sorte qu’ils soient capables d’expliquer au moins les plus simples notions du catéchisme à leurs enfants.

Cette année, et durant ce mois, l’Eglise commémore le troisième centenaire qui s’est écoulé depuis que ce héros si grand, Isaac Jogues, et son compagnon laïque, Jean Lalande, ont remporté la gloire du martyre, près d’Auriesville, qui se trouve maintenant dans l’Etat de New-York. L’histoire de leur zèle, de leur souffrance, de leur sacrifice, vous est familière. Ils furent des catéchistes, ils venaient enseigner les vérités de le Révélation divine au Nouveau Monde. Vous êtes les successeurs de leur apostolat. Ils ont rejoint la blanche armée des martyrs devant le trône de l’Agneau. Mais leur affection pour leur pays d’adoption, comme leur gloire, est tout ce qu’il y a de plus durable. Avec confiance, par conséquent, Nous faisons appel à leur puissante intercession en faveur de la Confrérie de la doctrine chrétienne, en même temps que Nous accordons, comme un gage de Notre vif et paternel intérêt, à tous ses membres et spécialement à tous ceux qui ont pris part au IIIème congrès national de Boston, la Bénédiction apostolique.



31/05/2020
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