Le droit des aumôniers militaires (vers 1950)
J’ai retrouvé dans mes vieux papiers un feuillet d’environ dix cm sur trente, plié en quatre, qui expose les dispositions canoniques propres aux aumôniers militaires.
Je vous le recopie tel quel ci-dessous.
On pourra y trouver un intérêt historique, mais pas seulement. En effet il n'est pas mauvais de constater que des choses qui nous paraissent évidentes ne le sont pas forcément, ou encore, que des choses qui paraissent à certains dénuées de sens (comme de dire la messe même sans un seul fidèle) ne le sont pas pour l'Église.
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FACULTÉS ET PRIVILÈGES
DES AUMÔNIERS MILITAIRES
Ces facultés et privilèges sont accordés aux aumôniers régulièrement nommés et aux prêtres qui les ont reçues du Vicaire aux Armées ou de ses délégués.
I. - MESSE
1. – Nombre.
Permission de triner les dimanches et fêtes de précepte à condition que la troisième messe soit dite en un lieu différent des deux premières.
Permission de biner en semaine s’il y a nécessité de consacrer pour l’utilité commune des fidèles, en observant les rubriques et le jeûne (pour donner, par ex. la communion à des personnes qui en sont habituellement privées).
2. - Heure.
Permission de célébrer la messe le soir sous le contrôle des Aumôniers chefs de service.
3. - Lieu.
Permission de célébrer partout, même en plein air ou en mer, en prenant les précautions nécessaires pour éviter toute irrévérence envers le Saint Sacrement (protéger du vent l’autel), mais seulement dans l’intérêt des fidèles et non de celui du seul célébrant).
4. – Pierre sacrée.
Permission d’utiliser en manœuvre et au cours des déplacements (mais jamais dans une chapelle) le linge tenant lieu de pierre sacrée.
5. – Nature.
Ordo propre. – Lorsqu’il célèbre la messe, tout prêtre doit suivre l’ordo en vigueur dans l’Église ou l’Oratoire où il célèbre.
C’est pourquoi dans les églises ou oratoires réservés aux militaires on doit suivre uniquement l’ordo du Vicariat (que l’on soit aumônier ou non).
Dans les autres églises ou oratoires, l’aumônier doit suivre l’ordo du Vicariat s’il célèbre pour des militaires sinon il suit l’ordo du lieu.
- L’ordo du Vicariat est celui de l’Église Universelle augmenté du propre de France.
On a en outre la faculté de célébrer (solemnitas externa) par une seule messe solennelle ou chantée et une autre messe lue les fêtes suivantes, le jour même ou le dimanche suivant, les fêtes suivantes : Saint Éloi, le 1er décembre ; Sainte Barbe, V. et M., le 4 décembre ; Saint Sébastien, le 20 janvier ; Saint Gabriel, le 24 mars ; Saint Georges, martyr, le 23 avril ; Sainte Jeanne d’Arc, le 30 mai ; Saint Christophe, le 25juillet ; L’Assomption de la T.S.V., le 15 août ; Saint Louis, roi, le 25 août ; Saint Maurice, le 22 septembre ; Saint Michel, le 29 septembre ; Saint Luc, le 18 octobre ; Saint Martin, le 11 novembre, à condition que le même jour ne soit pas un double de première classe.
Si un double de deuxième classe tombe le même jour, on ne pourra célébrer ces saints que par une seule messe solennelle ou chantée.
Ordo exceptionnel. – Possibilité de dire à la place de la messe du jour :
- les dimanches et fêtes du Seigneur : la messe de la Sainte Trinité avec Gloria (sauf Avent et Carême) et Credo ;
- les fêtes de première et deuxième classe : la messe « De Beata » prévue pour le temps liturgique où l’on se trouve.
- Octave de Pâques : la messe de Pâques.
- Aux autres fêtes et féries :Messe de Beata, Messe tempore belli (or Sancta Maria) ; messes des défunts.
En campagne on ajoutera l’or. Pro tempore belli.
- Couleur.
Utiliser le blanc, à défaut des couleurs prescrites.
- Luminaire.
Utiliser une seule lumière, de toute nature.
- Honoraire
Transmettre éventuellement l’honoraire de binage ou trinage au Vicariat ou célébrer ad intentionem Vicarii castrensis.
- Autel privilégié.
Jouissance de l’autel privilégié pour toutes les messes célébrées pour les victimes de la guerre.
- Servant.
Permission de célébrer sans servant si on ne peut en avoir.
- Liturgie.
Permission d’omettre la passion aux jours prescrits et de la remplacer par l’Évangile qui la termine ou aux Rameaux par l’Évangile de la bénédiction des Rameaux.
Permission de bénir les rameaux avec la formule abrégée.
Permission de célébrer la messe le Jeudi Saint.
Permission de célébrer l’Office du Vendredi Saint en commençant au découvrement de la Croix. On porte ensuite les Saintes Espèce à l’autel et on célèbre l’Office sans encensements.
- COMMUNION
- – Heure.
Permission d’autoriser ses sujets à communier à toute heure une fois par jour.
- – Jeûne.
Permission d’autoriser ses sujets à communier en restant auparavant trois heures sans manger et une heure sans boire.
- d’autoriser les blessés et malades à communier tous les jours après avoir pris du liquide ou un médicament sans observer ces mêmes délais (au feu, viatique).
- – Communion pascale.
En étendre l’accomplissement à toute l’année.
III. – Sainte RÉserve
Permission de conserver le Saint Sacrement dans les chapelles destinées aux soldats, même sur les navires, à charge d’en avoir la garde, de veiller à observer les conditions requises par le droit (tabernacle doublé de soie, autel, lampe, clé, renouvèlement des Saintes Espèces, messe au moins une fois la semaine).
- - PÉNITENCE
En tous temps :
Recevoir la confession sacramentelle des soldats et fidèles dont ils ont la charge, ainsi que des fidèles qui se présentent à eux dans les locaux militaires. De même en ce qui concerne les sujets des autres Vicariats aux Armées.
Absoudre les mêmes personnes de tous les cas et censures réservées de quelque manière que ce soit, en imposant une pénitence selon le droit.
Toutefois, il faut recourir dans le semestre à la S. Pénitencerie pour les censures réservées specialissimo modo et dans le cas prévu dans le décret Sacri Cœlibatus du 18 avril 1936.
- B. – Les censures réservées specialissimo modo sont attachées à :
- la profanation des Saintes Espèces,
- la violence sur la personne du Souverain Pontife,
- l’absolution réelle ou feinte du complice « in peccato turpi »,
- la violation du secret sacramentel,
- la participation comme consécrateur ou consacré à une consécration épiscopale sans mandat du Saint-Siège.
Le cas prévu du décret Sacri Cœlibatus concerne « sacerdotem qui cohabitationem post matrimonium attentatum cessare impediatur et, date fide de absoluta continentia perpetua servanda, ad participationem more laïcorum admitti petat ».
Pour absoudre des censures la formule « Dominus noster… in quantum possum et tu indiges » prévue pour toutes les confessions suffit.
Enfin le seul péché réservé au Saint-Siège est prévu par le can. 894 (fasse dénonciation judiciaire de sollicitation en confession).
- En cas de combat imminent ou engagé :
Tout prêtre, même non approuvé, peut absoudre des mêmes péchés et censures :
Sans confession préalable,
Par une absolution générale ou particulière,
Si les circonstances empêchent de confesser chacun,
Si le pénitent a la contrition,
Si le pénitent est disposé à se confesser des fautes dont il reçoit à ce moment l’absolution lors de sa prochaine confession.
On peut admettre les sujets ainsi absous à la communion en viatique.
On peut donner la bénédiction apostolique avec indulgence plénière par la formule « Ego, facultate mihi Sede Apostolica tributa, indulgentiam plenariam et remissionem omnium peccatorum vobis concedo in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen. »
On donne cette bénédiction après l’absolution sacramentelle.
- En cas d’attaque aérienne sur une ville :
Les mêmes pouvoirs d’absoudre et de donner la bénédiction apostolique sont accordés même pour les civils.
- – BRÉVIAIRE
Permission de commuer ou de réduire l’office quand on ne peut le réciter pour des motifs légitimes. L’Ordo est celui de l’Église universelle augmenté du propre de France.
- – JEUNE ET ABSTINENCE
Permission d’en dispenser ses sujets.
VII. – BÉNÉDICTIONS
Permission de bénir les ornements et tout ce qui sert à la messe s’ils ne requièrent pas d’onction (donc tout sauf calice, patène, pierre d’autel).
Permission de renouveler la consécration d’une pierre d’autel portatif avec la formule abrégée.
Permission de bénir d’un seul signe de croix
- Les objets de piété (même chapelets de Sainte Brigitte et médailles de Saint Benoît), en leur appliquant les indulgences apostoliques.
- Les chapelets et rosaires en leur appliquant les indulgences des Pères Croisiers.
- Les crucifix en leur appliquant = soit les indulgences du Chemin de Croix, pour ceux qui ne peuvent (impossibilité physique ou morale) le faire selon les règles ;
= soit l’indulgence plénière à gagner in articulo mortis en l’embrassant ou au moins en le touchant.
Permission de bénir les médailles scapulaires en leur appliquant les indulgences ordinaires, même au profit de ceux qui n’auraient pas reçu les scapulaires.
VIII. – SUJETS
- Les prêtres, séculiers ou réguliers, qui exercent, habituellement ou non, les fonctions d’aumônier militaire pour l’assistance spirituelle des troupes.
- Tous ceux qui appartiennent, comme militaires ou assimilés, aux forces armées de terre, de l’air et de mer et sont astreints aux règlements portés pour elles.
- Les familles des sujets de l’alinéa précédent – c’est-à-dire leurs épouses, enfants, proches, serviteurs et familiers – lorsqu’en Métropole ou dans les départements ou territoires d’outre-mer, elles habitent avec eux dans les lieux de résidence des troupes ; ou lorsqu’elles les accompagnent hors de ces pays.
- Tous les fidèles de l’un ou l’autre sexe, qui résident dans l’enceinte des lieux de résidence des troupes.
- Tous les fidèles de l’un ou l’autre sexe, qu’ils soient religieux ou laïcs, affectés à des hôpitaux ou écoles militaires pourvu qu’ils y habitent.
- Le personnel de réserve lorsqu’il est appelé sous les drapeaux.
Les forces de maintien de l’ordre.
- Hiret
Chancelier
Adresses des directions d’aumônerie :
Terre : 235 bd St Germain, Paris-VIIe,
INValides 43-75
Air : Ministère de l’Air, 24 boul. Victor, Paris-XVe,
VAUgirard 70-90, poste 4622
Mer : 15, rue de Laborde, Paris-VIIIe,
LABorde 91-10 poste 348
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Mod. 34 – Paris, I. A. C., 8, rue de Furstenberg (2-62) ° 177
Une photo de l'original :
(La règle de trente cm donne l'échelle : ce document été conçu pour être mis dans le porte-feuille des aumôniers.)
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