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L'Espérance

L’ESPERANCE

 

  1. L’espérance est une vertu théologale

            Vertu signifie force, que l’espérance soit une force, c’est contraire à la pensée antique : pour des gens comme Cicéron, l’espérance est une faiblesse, on n’a aucune certitude quant à l’avenir. Mais Saint Paul affirme « l’Espérance ne déçoit pas »

            En théologie morale, on étudie les vertus morales, qui aident à se comporter bien. Mais les vertus théologales ont Dieu Lui-même pour objet : on croit en Dieu, on aime Dieu, on espère en Dieu. C’est ce qu’on voit à la réponse de Saint Thomas d’Aquin quand, célébrant la messe à la fin de sa vie, il a entendu le Christ lui dire : Tu as bien parlé de moi, que veux-tu comme récompense ? La réponse fut : « Rien d’autre que toi, Seigneur »

            Toute l’activité de l’Eglise est sous-tendue par cette espérance, comme on le voit à cette phrase du missel, après le Pater : « Expectantes beatam spem et adventum Salvatoris nostri Jesu Christi - alors que nous attendons (la réalisation de) la bienheureuse espérance, l’avènement de notre Sauveur Jésus-Christ-.

            L’exemple de Zacharie est parlant : quand il offrait le sacrifice le plus important de la journée, un ange lui dit : « Ta prière a été exaucée, tu vas avoir un fils. » On en déduit souvent qu’il priait pour avoir un fils, mais ce n’était pas le but de ce sacrifice, qui était accompli pour hâter la venue du Sauveur attendu par le peuple de Dieu ; donc il comprend que ce fils annoncé aura un rapport spécial avec le Sauveur.

 

  1. L’Espérance dans la Bible

L’espérance de l’Ancien Testament

            La lecture de l’Ancien Testament est parfois désespérante : pourquoi tous ces combats, ces intrigues, ces prophéties ? Mais on ne doit pas oublier qu’il y a un héritage à transmettre jusqu’à l’arrivée du Messie : la bénédiction d’Abraham, la révélation fait à Moïse, la royauté de David, le culte du Temple de Jérusalem, tout cela va-t-il être transmis ?

            Tous les Israélites vivaient de cette espérance, et Daniel est appelé par l’ange « Vir desideriorum » -homme de désirs. Et ils attendent « Celui qui vient », comme dit le psaume.

 

L’Espérance du Nouveau Testament.

            Cette espérance du peuple de l’Ancien Testament est celle de la Bienheureuse Vierge Marie, et aussi de Saint Joseph. Tous deux connaissaient les prophéties qui disaient que le Sauveur naîtrait d’une vierge : à l’Annonciation ils comprennent ce qui est en train de se réaliser. Or tous les Israélites priaient depuis des siècles pour que vienne « Celui qui devait venir », mais la prière de Marie n’est pas une prière de plus, comme les autres : c’est la prière d’un cœur immaculé. C’est à cette prière précisément que répond Dieu par l’incarnation.

            De même à la Pentecôte : Jésus avait promis d’envoyer l’Esprit Saint et les disciples espéraient ardemment cette venue du Paraclet – de Celui qui allait être leur protecteur après la mort de Jésus. Ils se réunissaient donc pour prier, nul doute que ce soit à cette intention. Ce n’est pas pour rien que Saint Luc note dans les Actes que Marie était avec eux : son espérance n’était pas la même que celle de autres disciples, elle était déterminante – d’ailleurs le lendemain de la mort du Christ, elle était la seule à avoir conservé l’espérance. La Pentecôte lui est due, en très grande part.

 

III. L’Acte d’espérance

            On entend parfois dire que ces actes (de Foi, d’Espérance et de Charité), issus de la dévotion populaire, « ne sont pas très théologiques ». En fait ils nous disent beaucoup !

            Et d’abord que notre Espérance est double : elle porte sur le bonheur éternel et sur les moyens d’y arriver. On évoque souvent la réponse de Sainte Jeanne d’Arc à ses juges qui lui demandaient si elle était en état de grâce. On voit le piège : si elle dit ‘non’, on lui demandera pourquoi elle a fait tout ce qu’elle a fait ; et si elle répond ‘oui’, on lui dira qu’elle ne peut en avoir aucune certitude. Alors elle répond :

- Si j’y suis, (que) Dieu m’y garde, si je n’y suis, Dieu m’y mette ! C’est à ce genre de réponse qu’on reconnaît les saints : tout comme Jésus, ils répondent à leurs détracteurs à un niveau tel que celui qui a posé la question se sent en infériorité.

            L’acte d’Espérance nous rappelle que notre Espérance s’appuie sur les promesses de Jésus Lui-même :

- Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé

- Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

Donc si nous avons reçu la foi et tous les sacrements qui s’ensuivent, nous pouvons avoir une « ferme confiance » en Dieu.

            De là vient le dynamisme de la vie chrétienne, de la vie de Charité notamment. Une historiette circulait jadis, racontant qu’une personne se lamentait dans sa prière :

- Si j’étais sûr d’être sauvé, que ne ferais-je pas ?

Et elle entendit cette réponse :

- Fais-le et tu seras sauvé »

            La conscience qu’il faut non seulement avoir reçu la foi et les sacrements pour être sauvé, mais aussi mener une vie digne de tout cela, peut nous affaiblir. Rappelons-nous donc le mot de Saint Paul : « l’espérance ne déçoit pas », tout en nous souvenant des avertissements de Jésus :

- « Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. » (Mt 7, 13 et 14)

 

  1. Paix et joie

            Cette confiance est de tous les instants. Il est bon de se souvenir de la prière de don Dolindo Rutuolo : c’était un prêtre napolitain et un ami de Saint Pio de Pietrelcina ; celui-ci demandait aux Napolitains qui venaient le trouver : « Mais pourquoi faites-vous tout ce voyage, alors qu’à Naples vous avez don Dolindo ? » Voici donc cette petite prière : « Jésus, j’ai confiance en Vous, c’est à Vous d’y penser. » Cette espérance nous établit dans le calme et la paix.

            Pensons aussi à la prière de Saint Charles de Foucauld :

Mon Père,

Je m'abandonne à toi, fais de moi ce qu'il te plaira.

Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.

Je suis prêt à tout, j'accepte tout.

Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures,

je ne désire rien d'autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.

Je te la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon cœur,

parce que je t'aime, (… ) car tu es mon Père.

            Notons aussi que l’Espérance est communautaire : nous sommes unis dans l’attente de Dieu. Le prêtre n’est pas là d’abord pour unir les gens entre eux, cela c’est secondaire ; ce qui est premier dans le rôle du prêtre c’est de tourner les fidèles vers Dieu : c’est dans la conscience de cette orientation commune qu’ils sont unis en Eglise. Nous sommes le « Surgere qui curat populus » comme le dit la liturgie.

            Nous attendons le Jugement de Dieu : nous espérons que sa justice soit faite, non seulement envers ceux qui nous font souffrir ou même nous persécutent pour notre foi, mais surtout envers nous-mêmes. Nous avons confiance que même si nous offensons Dieu, sa justice triomphera. Accepter cette perspective fait partie de la vie chrétienne. Cela nous ramène au pardon : nous prions pour ceux qui nous persécutent

 

            C’est donc avec persévérance que nous répétons « Adveniat regnum tuum. » Mais aujourd’hui malgré notre confiance nous avons plus particulièrement une certaine angoisse en nous remémorant la parole de Jésus : « Le Fils de l’homme, quand Il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

            Cela nous ramène à notre point de départ : l’Espérance est une vertu théologale : elle a Dieu pour objet. Or l’Eglise est intimement liée à Dieu, qui se l’est associée. Donc de même qu’on croit en l’Eglise, qu’on aime l’Eglise, ainsi on espère en l’Eglise. On distingue traditionnellement deux péchés contre l’Eglise : le schisme, péché contre la charité, et l’hérésie, péché contre la foi. Mais notre époque oblige à en considérer un troisième : le péché contre l’Espérance en l’Eglise.

            Il nous faut être extrêmement attentifs : la crise lefèbvriste, qui a consisté à ne plus espérer que l’Eglise continuerait à donner les moyens du salut, noua conduits à adhérer au Pape infaillible. Toutefois il faut que le Pape tienne des positions catholiques. Or après Amoris Laetitia on a voulu donner les sacrements à des gens qui professent de vouloir continuer à commettre l’adultère, ce qui conduit à des communions sacrilèges, et c’est inacceptable (1). Dans ce genre d’affaire on ne peut plus suivre aveuglément les autorités romaines.

            Mais nous restons confiants : dans l’Ancien Testament on voit que Dieu a toujours laissé subsister un « petit reste », attentif à garder l’espérance d’Israël. De même, nous voyons qu’il reste aujourd’hui de nombreux fidèles d’où Dieu peut refaire partir l’Eglise dans le monde comme après la Pentecôte. Redisons-nous les uns aux autres le mot d’encouragement de la Vierge Marie : « A la fin mon cœur immaculé triomphera. »

 

(1). Comme certains s’étonnent (à juste titre), je publie ici ce qui suit.

  1. a) Critères de base pour l’application du chapitre VIII de Amoris laetitia, par les évêques de la région pastorale de Buenos Aires

N° 6) Dans d’autres circonstances plus complexes, et quand on n’a pas pu obtenir une déclaration de nullité, l’option mentionnée peut ne pas être de fait faisable. Cependant, également un chemin de discernement est possible. S’il arrive à reconnaître que, dans un cas concret, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité (cf. 301-302), particulièrement quand une personne considère qu’elle commettrait une nouvelle faute ultérieure dommageable aux enfants de la nouvelle union, Amoris laetítía ouvre la possibilité de l’accès aux sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie (cf. des notes 336 et 351). Ceux-ci disposent alors la personne à continuer à mûrir et à croître avec la force de la grâce.

 

  1. b) Rescrit pontifical du 5 juin 2017 (texte original espagnol)

« Le Souverain Pontife décrète que les deux Documents qui précèdent seront publiés sur le site web du Vatican et les Acta Apostolicae Sedis comme Magistère Authentique.

Fait au Palais du Vatican, le 5 juin 2017, Pierre Parolin, Secrétaire d’État. »

Il s’agit des « Critères de base… » et de la lettre du Souverain Pontife en accusant réception et en remerciant les auteurs.

 

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01/04/2025
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