Intérêt du raisonnement par étymologie
Intérêt du raisonnement par étymologie
L’étymologie d’un mot nous permet-elle de comprendre la nature de la réalité que désigne ce mot ? C’est ce qu’on va essayer de discerner ici.
Prenons le mot ‘atoll’ : c’est un mot maldivien. Savoir cela nous permet de savoir qu’il y a des atolls aux îles Maldives (il n’y a même que cela !), mais cela ne nous dit pas ce qu’est un atoll. Un atoll est un ensemble de formations coraliennes qui affleurent au point de former des archipels généralement circulaires : les coraux se développent à des profondeurs précises à cause de leurs besoins en lumière et en température, on les trouve donc en bordure des côtes et aux sommets des montagnes sous-marines aux endroits où ils sont proches de la surface, d’où la forme des atolls. Savoir que le mot vient du maldivien ne sert donc pas à connaître ce qu’il désigne.
Pourquoi donc s’intéresser à l’étymologie ? C’est que les mots ont été formés à une période où les hommes étaient dans une « mentalité première », c’est-à-dire antérieure à toute théorisation, comme on parle « d’arts premiers », antérieurs à toute théorie esthétique. Il y a dans les arts premiers une façon intuitive de percevoir la réalité et de la représenter. De la même manière les mots, à l’origine, pourraient bien avoir été formés sur la base d’une perception intuitive de l’être qu’ils désignent.
Dès lors, l’étymologie d’un mot nous dit comment la réalité désignée par ce mot a pu être perçue intuitivement, sans qu’aucune doctrine ou spéculation intellectuelle vienne altérer la perception.
Ainsi savoir que le mot ‘nature’ a le même radical que le mot ‘naître’ nous indique que ce qu’on dit naturel est dans un état originel, non altéré par l’intervention humaine. Un être à l’état naturel est donc un être tel qu’il est sorti des mains du Créateur, et l’écologie se ramène à un respect de la création !
La curiosité intellectuelle y trouve son compte. Par exemple le patronyme « Lefebvre » signifie « l’artisan », en latin ‘faber’, ce que savaient les fonctionnaires qui ont les premiers orthographié le mot en y introduisant un ‘B’. Et l’on voit aussi que ‘faber’ a le même radical que ‘facere’ qui veut dire faire et qu’on retrouve dans ‘fabriquer’. Toutefois il faut rester prudent : facere n’a rien à voir avec le verbe ‘fari’ qui signifie parler, dire ; les deux concepts n’ont pas de rapport.
Un détail encore : constater que le mot ‘semence’ a le même radical dans les diverses langues indoeuropéennes conduit à penser que les proto-indoeuropéens pratiquaient l’agriculture…
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