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Escarmouche au sujet des traductions liturgiques

Traductions liturgiques, je ne me rétracte pas

 

On trouvera ci-après un article paru sous forme de tribune dans le numéro du 17 décembre 2011 de L'Homme Nouveau, où je dénonçais la mauvaise qualité des traductions liturgiques en langue française. Ce point de vue ayant été critiqué par trois évêques dans le numéro de début mars 2012 du même bimensuel et leurs arguments ne m'ayant pas convaincu, je leur ai répondu par un texte qu'on trouvera en deuxième position. J'y joins enfin, en annexe, le point de vue de trois personnalités éminentes.


Traductions liturgiques: 10 ans de désobéissance?

 

Dés leur parution, les traductions liturgiques en français ont fait l’objet de critiques bien argumentées, mais dont on n’a jamais tenu compte, pas plus que de Liturgiam Authenticam (1), instruction parue il y a dix ans, qui fixait les normes à observer dans les traductions et demandait que soient révisées les traductions existantes qui ne suivaient pas ces normes. Les diocèses français sont-ils encore de rite romain, et la foi exprimée par leur missel est-elle encore pleinement la foi catholique ?
 
Le traducteur du missel romain en français est un faussaire, qui a très souvent inventé un autre texte que celui qu’il était censé traduire. Ainsi il y a un refus constant d’affirmer la différence de nature entre le sacerdoce des fidèles et celui des prêtres, pourtant solennellement rappelée par le concile Vatican II. Ce refus est lié à une réduction de l’idée de sacrifice : le traducteur rend « victime » par « sacrifice », et « sacrifice » par « offrande », et ainsi de suite. Y a-t-il pour lui nécessité d’un sacrifice ? Sans doute pas, car on trouve une diminution du sens du péché : le mot au pluriel en latin passe au singulier en français, ce qui en fait une abstraction. L’allusion au péché originel, dans la quatrième prière eucharistique, a disparu. D’ailleurs la Vierge Marie n’a pas été préservée du péché originel, mais seulement de ses séquelles (préface de l’Immaculée Conception), etc. Bref, depuis quarante ans le peuple chrétien, et pas seulement dans les pays francophones, est privé d’une source féconde de méditations sur des thèmes centraux de la foi catholique et de la spiritualité romaine.
 
Face à ce scandale l’Eglise a réagi dans « Liturgiam Authenticam », comme nous l’avons vu. Or tout l’establishment liturgiste de l’Eglise dite de France s’est dressé contre son application. « Si vous critiquez les traductions officielles, vous prenez vos distances par rapport à Paul VI ! C’est avec son mandat qu’elles ont été approuvées ! », s’est même écrié un jour un vétéran des réformes post-conciliaires. Mais les approbations données sous Paul VI l’ont été à la hâte, quand l’élaboration de textes liturgiques en langues vernaculaires n’avait fait l’objet d’aucune réflexion. Aujourd’hui l’Eglise peut édicter des normes. Mais pourquoi nos liturgistes devraient-ils obéir au Pape ? Le texte latin qui nous fait prier pour « notre Pape et notre évêque », devient « le Pape et notre évêque » : la juridiction immédiate du Pape sur chacun des fidèles est mise entre parenthèses.
 
D’où vient donc cette opposition ? On peut avancer trois hypothèses, qui d’ailleurs se complètent. D’abord il y a le fait que ces diminutions dans le texte français vont dans le même sens que les changements d’accents entre le nouveau missel et l’ancien. On a par exemple placé en semaine les oraisons parlant de péché et de pénitence, car le dimanche est le jour de la résurrection : pour la majorité des fidèles, il y a un manque. En français, ce changement de spiritualité a été alourdi. Ensuite, en corollaire, la remise en question des traductions fautives montre l’état d’esprit des cercles liturgiques romains quand elles ont été approuvées : cet esprit était très semblable à celui qui a présidé à cette réforme, juste avant, ce qui conduit à s’interroger sur d’éventuelles faiblesses des produits de cette réforme. Or, si le sujet était tabou quand le nouveau missel était largement contesté, on sait qu’utilisé sans altération il est un authentique moyen de sanctification : on peut donc à présent se demander si la réforme accomplie était bien la meilleure possible. Enfin si les traductions sont révisées au point de mériter leur nom de traductions, plutôt que d’adaptations, le CNPL ne pourra plus exiger sur ses publications les droits d’auteurs, qui sont cinq fois supérieurs à ceux d’un traducteur. On cesserait donc de ponctionner les communautés catholiques au profit des revues de liturgistes qui prennent leurs distances avec des pans entiers de la foi catholique et de la spiritualité romaine. Et ce trafic est particulièrement odieux envers les communautés francophones des pays pauvres.
 
Cependant les nouvelles traductions en anglais ont été promulguées. Nos évêques se sont déjà penchés sur le Pater (« ne nous soumets pas… ») et le credo (« consubstantiel »). Une commission secrète est-elle à l’œuvre pour le reste ? C’est à souhaiter, mais alors il faudrait en avertir le peuple chrétien, pour qu’il évite d’investir dans des missels qui seraient périmés à brève échéance. Sinon, nous sommes en présence d’une désobéissance caractérisée.
 
Abbé Bernard Pellabeuf
(1) Publiée par la Congrégation pour le Culte Divin le 28 mars 2001. (2) L’Homme Nouveau, 7 décembre 2003.

 

Réponse aux évêques

 

Messeigneurs,
 
Je vous remercie de l’attention que vous avez accordée à mon texte sur les traductions liturgiques. J’ai affirmé que celles faites il y a une quarantaine d’années étaient gravement fautives, et vous me demandez de me rétracter. Pourquoi le ferai-je alors que vous-mêmes me donnez raison ? En effet vous nous apprenez – et c’est une excellente nouvelle ! – que depuis une quinzaine d’années on a mis en chantier la révision des textes scripturaires de la liturgie : s’il ne s’y trouvait pas de fautes d’une certaine importance, pourquoi donc un travail d’une telle ampleur ? J’ai fait remarquer que si la révision des textes n’était pas en voie d’accomplissement, il y avait désobéissance : elle est en cours, Dieu soit loué ! Il semble donc bien que les traductions incriminées aient été approuvées à la hâte.
 
Mais je suis doublement surpris que vous preniez l’exemple de la PGMR, ou présentation générale du missel romain. Tout d’abord parce que la PGMR du missel de 2002 est différente de celle du missel précédent, en sorte qu’il n’y a pas vraiment révision, mais établissement d’un autre texte. Naturellement je serai le premier à me réjouir si l’on pouvait me montrer un texte de la nouvelle PGMR tiré de l’ancienne et remanié ! Et deuxièmement car le titre lui-même est mal rendu : le mot « présentation » n’a aucune connotation normative, à la différence du terme « institutio » qu’il est censé traduire – et cette espèce de bémol à la clé du texte est sans doute l’une des origines de l’opinion qui veut que les normes liturgiques ne soit pas contraignantes, ce qui explique une bonne partie des abus liturgiques encore nombreux aujourd’hui.
 
Mais si je me réjouis des progrès dont vous nous faites part, je regrette tout de même qu’on n’ait pas mis la priorité sur l’ordo missae proprement dit, car les textes qui marquent le plus les gens sont ceux qu’ils entendent fréquemment, et c’est donc là-dessus que portait mon article, même si je m’inscrivais dans une perspective plus large.
 
Vous critiquez le mot de faussaire que j’ai employé à propos du traducteur (chacun a compris qu’il s’agissait d’un singulier collectif, englobant tous les acteurs du processus, ce qui se justifie étant donné qu’aucun d’eux n’en a contesté le résultat). Je pense être en droit de maintenir ce terme, car en français courant c’est ainsi qu’on désigne quelqu’un qui commet dans son travail des fautes volontaires et répétées, avec pour résultat de tromper ceux qui utilisent ce travail. Je n’ignore pas la difficulté inhérente à toute traduction : d’une langue à l’autre les concepts ne sont pas adéquats. Mais comment expliquer que le terme « notre » ait pu être placé devant le mot « évêque », et pas devant le mot « pape » ? Que cette faute se retrouve dans les quatre prières eucharistiques principales ne permet pas de conclure à une faute involontaire : dire « le pape et notre évêque » au lieu de « notre pape et notre évêque » est trop représentatif de ce prétendu « esprit du concile » qui veut, aujourd’hui encore, ignorer ce que Vatican II a dit sur la primauté du souverain pontife pour qu’on croie au hasard. De même pour le dialogue précédant la prière d’offertoire : le traducteur a gommé ce qui manifestait la spécificité du rôle du prêtre dans l’offrande du sacrifice. Comme on retrouve la même chose dans le paragraphe qui suit la consécration dans la seconde prière eucharistique, on ne peut conclure qu’à une faute intentionnelle, d’autant plus que là encore cela va dans le sens du fameux « esprit du concile » qui a voulu protestantiser l’enseignement de Vatican II sur le prêtre. L’argumentation que vous développez sur le fait que les fidèles offrent le sacrifice avec le prêtre n’est donc pas pertinente, puisque c’est de la spécificité du rôle du prêtre qu’il était question. Elle me paraît même plutôt renforcer ma thèse puisque vous justifiez un texte autre que le texte romain, alors que Paul VI lui-même a affirmé avoir insisté auprès des réformateurs liturgiques pour que ce dialogue soit maintenu (1) : doit-on dire que le pape en personne ignorait cette théologie ? Et de quel droit, enfin, donne-t-on aux fidèles autre chose que ce que l’Eglise veut leur donner ? Car la créativité des groupes ne peut pas s’exercer dans la liturgie ailleurs que là où les normes le permettent, et l’acte de traduire un texte liturgique pour une fraction de l’Eglise n’est par conséquent pas le lieu de la créativité.
 
Par ailleurs je suis extrêmement heureux d’apprendre que le SNPLS reverse les droits d’auteur à l’AELF. Mais puisque la conférence des évêques de France en reçoit une part, j’ose exprimer ici l’espoir qu’on en fasse profiter aussi les conférences des évêques des communautés catholiques francophones les plus pauvres, celles d’Afrique Noire. Mais je suis surpris que vous affirmiez que ces droits ne sont pas supérieurs aux droits d’un traducteur. En effet il y a eu jadis un procès entre l’éditeur d’un missel et les ayant-droit des textes liturgiques français : ils exigeaient des droits d’auteur, mettant l’éditeur en difficulté. Le tribunal a tranché en constatant que le texte est une adaptation – et c’est bien ce que je déplore dans mon article.
 
Par ailleurs il est vrai que dans l’Eglise qui est en France il y a ceux qui ont droit à la parole et les autres. Le milieu de la liturgie ne fait pas exception : votre intervention le montre bien. Et il vous suffit d’interroger les prêtres qui étaient dans les séminaires lors de la parution de liturgiam authenticam pour savoir ce que leur en disaient leurs professeurs de liturgie. On a donc bien affaire à un groupe peu pressé de mettre en application les directives romaines.
 
D’autre part je ne comprends pas dans quel esprit vous parlez de l’herméneutique de la continuité : j’y adhère pleinement. Et je ne pense pas que chercher à faire un bilan objectif de la réforme liturgique, spécialement dans le missel, relève de l’herméneutique de la rupture. Car bien des écrits du Cardinal Ratzinger vont dans le sens de cette recherche, et celle-ci est rendue nécessaire par sa volonté que les deux missels s’enrichissent mutuellement. Cependant je dois faire remarquer que la plupart des évêques du temps de l’élaboration des traductions en vigueur actuellement étaient dans la logique de la rupture. Par exemple ce sont eux qui ont laissé éliminer le latin de la liturgie, contrairement aux vœux des pères conciliaires, contribuant de ce fait à grossir les rangs des lefebvristes qu’ils prétendaient combattre.
 
Au total, vous le voyez, je maintiens mon affirmation que la traduction de l’ordo missae en français est gravement fautive, et qu’il est urgent de la réviser selon les critères de l’instruction liturgiam authenticam. Je me rétracterai, bien sûr, en digne fils de l’Eglise, si celle-ci me disait par une voix autorisée que cette traduction est conforme aux normes de cette instruction. Je m’engage à demander une telle déclaration.
 
Je vous prie d’agréer, Messeigneurs, l’expression de tous mes sentiments filiaux et de ma fidélité indéfectible au vicaire du Christ.


(1) On en trouve l'affirmation ici. (add 27/11/20 : le lien a disparu)

 

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Un avis de Jacques Maritain

 

Jacques Maritain, né en 1882 et mort en 1973, fut l'un des plus grands philosophes catholiques de langue française de cette époque.
 
Il me paraît bien significatif au point de vue de la philosophie de l’histoire, que dans le même temps où au Concile, le Saint Esprit fait proclamer (dans un langage à mon avis trop plein de rhétorique) des changements d’attitude qui représentent un progrès immense (et qui ont beaucoup trop tardé), - dans le même temps un ouragan de bêtise et d’abjection d’une puissance extraordinaire et apparemment irrésistible souffle tout autour sur la vaste étendue du monde catholique et spécialement ecclésiastique. Cette crise me paraît une des plus graves que l’Eglise ait connue. Elle a à mes yeux un caractère eschatologique et semble annoncer de larges apostasies. ... Ce que nous voyons aujourd’hui c’est un agenouillement délirant et général devant le monde. Tous ces catholiques tous ces prêtres en extase devant le monde, poussant dès qu’il s’agit de lui des gémissements d’amour et d’adoration, et répudiant frénétiquement tout ce qui, soit dans l’ordre intellectuel, soit dans l’ordre spirituel, a fait la force de l’Eglise, c’est vraiment un curieux spectacle, et que ne s’explique à mon avis que d’une façon freudienne, par une brusque libération collective de misérables libidines longtemps refoulées. Ce n’est pas le veau d’or qu’ils adorent, c’est une truie d’aluminium à cerveau électronique. Et s’ils se disent encore chrétiens, c’est parce que selon eux, c’est par le christianisme dûment terrestrialisé que nous pouvons atteindre enfin « l’épanouissement de la nature ». C’est donc bien simultanément que Dieu et le diable travaillent dans l’histoire humaine ; et quand l’Esprit-Saint se met à souffler, l’autre aussitôt produit ses hurricanes. Pardonnez tout ce bavardage du sans doute à l’exaspération où je suis de voir la messe, qui était chaque matin un moment de paix pour ma pauvre âme, envahie maintenant par la sottise et la laideur et la vulgarité de la stupide traduction française que notre épiscopat s’est empressé d’approuver… Les références sont ici.

 

 

L’avis du cardinal de Lubac

 

Le Père Henri de Lubac sj, né en 1896 et mort en 1991, fut un théologien très influent lors du concile Vatican II et son oeuvre fut récompensée en 1983 par le titre de cardinal.
 
« On s'est inspiré d'une conception trop pessimiste du sous-développement intellectuel et culturel de la majorité des fidèles. D'où une recherche exagérée de l'adaptation, utopie regrettable qui nuit à la catéchèse et à la prédication. On aurait pu prendre exemple sur les anciennes versions latines : ce n'est pas la parole de Dieu qu'elles s'efforçaient de rapprocher du peuple, c'est le peuple de Dieu qu'elles essayaient de hausser au niveau de la Parole de Dieu ». « Dans nos traductions les plus récentes, au contraire, combien d'aplatissements ! Combien d'édulcorations ! le texte a perdu de sa saveur, quand il n'a pas été altéré ». - « Nombre de fidèles se plaignent à l'heure actuelle, non seulement de l'inexactitude fréquente de certaines traductions, mais encore de leur médiocre qualité littéraire, de leur lourdeur, de la vulgarité du vocabulaire, de la dureté et du manque d'harmonie des phrases, des fautes de français... Ils sont légitimement choqués s'ils ont l'impression que le texte sacré a été manipulé et défiguré. Le respect de l'Ecriture ne devrait-il pas inciter les traducteurs à se montrer plus vigilants ? »

 

(Henri de Lubac, compte rendu de « Christologie paulinienne et tradition biblique » de M. André Feuillet, in La France Catholique, ler juin 1973 - ce texte fut cité par les chevaliers de Notre Dame en 1975).

 

 

L'avis du cardinal Arinze

 

Au moment où il a accordé l'entrevue d'où est tiré le texte suivant, le Cardinal Francis Arinze était préfet de la congrégation pour le culte divin et le culte des sacrements.

Parlons d’abord des traductions. Un document de ce dicastère du Culte divin, il y a trois ans, Liturgiam authenticam, avait pour thème principal : l’Eglise approuve les langues locales, dans la liturgie, mais les traductions, dans le rite latin, doit être fidèle au texte originel latin. La directive générale est celle-ci : toutes les traductions faites il y a trente ans doivent être révisées de telle sorte qu’elles soient vraiment fidèles au texte originel. Il est vrai que dans certaines langues, il est très difficile de faire une traduction littérale. Mais on ne doit pas admettre des traductions idéologisées. Par exemple, lorsque le missel latin fait dire au prêtre : Orate fratres ut meum ac vestrum sacrificium acceptabile fiat apud Deum Patrem omnipotentem , un traducteur qui n’accepte pas de faire la différence entre le peuple et le célébrant dira : « Priez mes frères afin que notre sacrifice, etc. » C’est cette sorte de traductions idéologisées que l’on doit éviter. Mais il ne s’agit pas seulement de la langue anglaise ! Même les Français… Regardez donc comment vous traduisez l’Orate frates…en français : « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise ». C’est tout. Ce n’est pas une traduction, c’est une belle phrase, une très belle phrase, mais ce n’est pas une traduction du texte latin. La réponse à l’invitation du prêtre est dans le missel latin : Suscipiat Dominus sacrificium de manibus tuis ad laudem et gloriam nominis sui, ad utilitatem quoque nostram, totiusque Ecclesiae suae sanctae . Et que dites-vous en français ? « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ». Ce n’est pas une traduction.

 

Entretien réalisé par l'Abbé Claude Barthe et Valérie Houtart (publication dans l'Homme Nouveau du 7 décembre 2003.

 

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La suite

 

Soutien sans faille de Denis Crouan, président de l'Association Pro Liturgia

(Mes trois contradicteurs avaient tenté de noyer le poisson d'une part en détaillant le processus d'élaboration des traductions liturgiques - mais en soulignant le soin qui y a été apporté, ils ne faisaient que montrer que les fautes étaient parfaitement volontaires - et d'autre part en rappelant certains textes romains qui parlent des traductions liturgiques : c'est à cela qu'a répondu Denis Crouan.)

 

« Les Conférences épiscopales ont eu la lourde charge de préparer les traductions des livres liturgiques. Les nécessités du moment ont parfois conduit à utiliser des traductions provisoires, qui ont été approuvées ad interim. Mais le temps est venu de réfléchir à certaines difficultés éprouvées depuis, de remédier à certaines faiblesses ou inexactitudes, de compléter les traductions partielles, de créer ou d’approuver les chants à utiliser dans la liturgie, de veiller au respect des textes approuvés, de publier enfin des livres liturgiques dans un état qu’on peut considérer comme acquis durablement et dans une présentation qui soit digne des mystères célébrés. Pour le travail de traduction, mais aussi pour une concertation plus large à l’échelle du pays entier, les Conférences épiscopales devaient constituer une Commission nationale et s’assurer le concours de personnes expertes dans les différents secteurs de la science et de l’apostolat liturgique. Il convient de s’interroger sur le bilan, positif ou négatif, de cette Commission, sur les orientations et sur l’aide qu’elle a reçues de la Conférence des évêques dans sa composition ou son activité. » (Bx Jean-Paul II, Lettre apostolique Vicesimus quintus annus, n.20, 4 décembre 1988).

On lit bien : « on a utilisé des traductions approuvées ad interim... il faut remédier à certaines faiblesses ou inexactitudes.» L’Abbé Bernard Pellabeuf ne dit rien d’autre que ce que disait le Bx Jean Paul II.

 

On voit ainsi que le texte de ces trois évêques était partial.

 

De plus en insistant sur le fait que les traductions liturgiques ne sont pas un phénomène récent, ils feignaient de ne pas voir où résidait le problème après Vatican II : il s'agissait en réalité de traductions liturgiques officielles, et cela n'avait jusque là été seulement ébauché que quand Pie XII avait autorisé qu'on fasse dans la langue du pays les lectures tirées de l'Ecriture. De plus, en soulignant que les traducteurs d'aujourd'hui sont les héritiers d'une longue tradition, ils confortent l'idée qu'on n'a pas à exiger des droits d'auteurs.

 

On a fait remarquer à juste titre que le débat avait été plutôt polémique. J'en assume la responsabilité : il y a dans mon texte initial quelques outrances de détail, et elles sont l'expression de l'immense tristesse de ceux qui depuis quarante ans devaient subir des textes falsifiés ou édulcorés, tristesse poussée à l'exaspération chez les prêtres qui, eux devaient par obéissance les utiliser.

 

On a bien vu aussi que mes contradicteurs et moi ne parlions pas de la même chose. La faute en est évidemment à ceux qui prétendaient me répondre, tout en déviant du sujet...

 

A L'Homme Nouveau, on semble avoir pris peur. Quelque temps après, on y a trouvé un article d'un certain Guillaume Sulaux, usant à l'évidence d'un pseudonyme et appartenant manifestement au sérail des liturgistes ayant droit à la parole. Voici l'analyse que j'avais faite à l'époque (décembre 2013).

Il s'agit très probablement d'un pseudonyme.
Ce Monsieur est fort bien renseigné.
Il sait de quoi il parle.
Il me paraît donc impossible qu'il n'ait rien publié et que son nom n'apparaisse dans aucun organigramme.
On se demanderait pourquoi l'Homme Nouveau se serait adressé à un inconnu.
Et on se demande pourquoi l'Homme Nouveau ne dit rien de lui.
Bref, je pense à un pseudonyme.

Il reste alors à se demander pourquoi cet auteur penserait devoir rester discret.
Peut-être veut-il éviter d'avoir lui aussi trois évêques qui exigent un droit de réponse.
Car il écrit un bon nombre de choses qui m'avaient valu les foudres épiscopales.
Par exemple, ce mauvais paroissien ose évoquer des erreurs dans les traductions liturgiques en vigueur, ce que niaient absolument mes trois interlocuteurs. Et encore aujourd'hui Mgr Guéneley prétend que s'il a fallu une nouvelle traduction de la Bible, c'est parce que la langue évolue : pitoyable argument ! Ainsi il faudrait ré-entreprendre tous les quarante ans un travail de dix-sept ans ? Quand on sait que le français parlé par Sainte Jeanne d'Arc il y a six cents ans est encore compris pas la majorité des francophones d'aujourd'hui, cela ne tient pas.

Et ce Monsieur Guillaume Sulaux ose citer Jean-Paul II qui disait qu'elles avaient été adoptées ad interim, ce qu'avait rappelé Pro Liturgia pour me soutenir, car je ne disais rien d'autre.

De plus, cet auteur va jusqu'à écrire noir sur blanc que les épiscopats francophones exigent des droits d'auteur, et les reversent aux services nationaux de la liturgie.
C'est ce que j'avais moi-même affirmé, et mes trois contradicteurs avaient riposté en disant que cela était hautement fantaisiste.
Bref, je pose la question : vont-ils encore exiger un droit de réponse ?

Je vais donc formuler une hypothèse.
Monsieur Guillaume Sulaux a probablement ses entrées dans les services liturgiques liés à la conférence des évêques de France.
On comprendrait ainsi qu'il ne veuille pas se dévoiler.
Et ce d'autant plus qu'il y a de nouveau une embrouille au sujet de l'argent - je reste persuadé que si je n'en avais pas parlé, il n'y aurait pas eu de réaction.
L'embrouille réside dans une sorte de contradiction : Monsieur Sulaux affirme d'une part que les droits d'auteur sont reversés aux services nationaux de la liturgie ; d'autre part que c'est pour servir à rembourser les traductions passées et à venir : or il nous explique que ces traductions sont à la charge de la CEFTL (commission épiscopale francophones pour les traductions liturgiques). Et qu'on s'est servi d'un peu de cet argent pour faire l'aumône de quelques places aux JMJ à des Africains (cette mention me fait penser que j'ai fait mouche en mentionnant que les épiscopats francophones les plus pauvres sont exclus de cette manne).

Moi, je maintiens que les droits d'auteur ou de traducteur, comme on voudra, devraient cesser d'être exigés dés lors que les frais de traduction sont couverts. Et je maintiens qu'il faut que les comptes soient publics.

A toutes fins utiles, je rappelle ce que chacun peut lire dans le lexique du site de la CEF elle-même :

Simonie... Désigne toute forme de trafic d’objets sacrés, de biens spirituels ou de charges ecclésiastiques.


Et je rappelle aussi que certaines bonnes âmes aiment mentionner que le reproche de simonie était l'un des griefs des protestants contre l'Eglise au temps de la Réforme. On ne doit pas jouer avec cela.

 

 

 

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27/11/2020
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