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Complotiste et populiste

            Les journalistes peuvent être très drôles, et c’est le cas lorsque, stipendiés par des gouvernants qui revendiquent de mentir, ils se mêlent de faire la morale. Ils ont pour cela à leur disposition tout un arsenal d’adjectifs pour dénigrer les adversaires du pouvoir : controversé, sulfureux, etc. Et ce dernier mot, emprunté au vocabulaire religieux, ajoute au comique quand on le lit sous la plume de ces mécréants ignares de tout ce qui concerne l’esprit. Dans cette perspective, il est bon d’étudier deux de leurs qualificatifs courants : populiste et complotiste.

 

            Un populiste, comme on peut le constater à la lecture des journaux, c’est un homme politique qui pense que le peuple a quelque chose à dire et que, même s’il peut se tromper, on doit toujours tenir compte de ses sentiments pour prendre des décisions adaptées. Et le plus souvent il faut se ranger à son avis. En bref, un populiste c’est un démocrate, puisque la démocratie est définie dans les cours d’éducation civique comme « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Par conséquent, si un journaliste payé, directement ou indirectement, par le gouvernement se met à critiquer quelqu’un en le désignant comme populiste, c’est qu’on est en dictature. C’est pourquoi de nos jours en France il est si fréquent de dénigrer tous ceux qui s’opposent à la dictature en les qualifiant de populistes.

 

            Personnellement je me considère comme un démocrate non formaliste : je pense que l’essentiel est que le gouvernement du peuple se fasse pour celui-ci, c’est-à-dire dans son intérêt, il importe moins que la forme du régime soit telle que le peuple décide lui-même, pourvu qu’il puisse s’exprimer et qu’on tienne compte de ses sentiments. Bref, si j’étais un politicien, je serais un populiste modéré mais assumé.

 

            Cependant si un populiste se met à dénoncer les manigances des dictateurs, alors il faut ajouter qu’il est un complotiste. Comment ? Il ose dire que ceux qui revendiquent de mentir auraient des plans secrets ? Qu’ils voudraient conduire le peuple là où naturellement il ne voudrait pas aller ? Qu’ils cherchent à le manipuler par les médias dans ce but ? Allons, tout cela est très mal, vous devriez avoir honte de pareilles idées, et puisque vous n’avez pas honte, il est normal qu’on vous marginalise et qu’on attire sur vous l’opprobre : sale complotiste !

 

            Bon, mais des complots, l’histoire nous enseigne qu’à toutes les époques il y en a eu. Chaque fois qu’on veut renverser par la force un régime ou un souverain, on complote : comment au grand jour pourrait-on s’organiser dans ce but ? Il peut y avoir des ententes bien affichées en vue de prendre le pouvoir légalement, on ne parle pas de complot dans ces cas. Mais si l’on emploie des moyens illégaux, il ne faut pas tomber sous le coup de la loi : on doit se cacher, donc il y a complot.

 

            Aujourd’hui nous sommes dans une situation paradoxale. On prétend être en démocratie, et de fait certaines formes extérieures sont respectées. Il y a encore des votes et des élections, même si on ne respecte pas leurs conclusions, comme on l’a vu pour certain traité européen… Et en même temps qu’on laisse se dérouler les processus apparemment démocratiques, disons formellement démocratiques, on voit des gens se grouper ouvertement dans des sociétés secrètes qui se targuent d’être à l’origine des lois, spécialement des lois « sociétales », c’est-à-dire des lois qui déterminent l’être même de la société. On parle même de changement de civilisation par ces lois élaborées dans les loges… Or une civilisation, cela se vit ; vouloir la déterminer par la loi, c’est précisément vouloir imposer au peuple des choses qu’il n’admettrait pas du jour au lendemain. On retrouve là ce qui constitue la dictature.

 

            Le complot, de nos jours, est donc évident. Ne pas le voir, c’est être aveugle. Dénigrer ceux qui le dénoncent, c’est participer à la dictature. Je suis un complotiste assumé.

 

Post-scriptum : il y a quelques journalistes honnêtes, reconnaissons- le ; mais ils nous pardonneront la généralisation faite dans cet article, qui dénonce précisément les pratiques qu'eux-mêmes réprouvent comme déshonorant leur profession. Saluons d'autant plus leur courage qu'ils sont une minorité.



03/02/2021
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