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Diagnostic de Mgr Fulton Scheen sur notre temps

SHEEN Mgr Fulton homélie

 

(Merci à Pro Liturgia, qui a publié ce texte dans ses actualités du samedi 7 décembre 2019.)

 

Le 5 juillet, le pape François avait autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret concernant la béatification de Mgr Fulton Sheen (1895-1979). Puis, récemment, le Vatican a annoncé que cette béatification est reportée sine die.

Les raisons de ce report se trouvent peut-être dans une homélie faite par Mgr Sheen en janvier 1947 et qui fut par la suite reprise dans l’un de ses ouvrages intitulé « Communism and the Conscience of the West ». Car ce texte est plutôt « politiquement incorrect ». Voici en effet ce qu’écrivait Mgr Sheen et qui semble s’adresser à l’Eglise d’aujourd’hui :

 

« (...) L’ère nouvelle dans laquelle nous entrons est ce que nous pourrions appeler la phase religieuse de l’histoire humaine. Ne vous méprenez pas : “religieux” ne signifie pas que les hommes se tourneront vers Dieu, mais plutôt que l’indifférence à l’absolu qui a caractérisé la phase libérale de la civilisation sera suivie par une passion pour l’absolu.

(...) A partir d’aujourd’hui, les hommes seront divisés en deux religions conçues à nouveau comme un abandon à un absolu. Le conflit du futur est entre un absolu qui est le Dieu-Homme et un absolu qui est l’homme-dieu ; entre le Dieu qui s’est fait homme et l’homme qui se fait dieu ; entre les frères dans le Christ et les compagnons dans l’Antéchrist.

L’Antéchrist, cependant, ne s’appellera pas ainsi, sinon il n’aurait pas de disciples. Il ne portera pas de collants rouges, ne vomira pas de soufre, ne tiendra pas une lance et ne secouera pas une queue en forme de flèche comme le Méphistophélès dans Faust. Nulle part dans les Saintes Ecritures nous ne trouvons la confirmation du mythe populaire qui imagine le diable comme un bouffon vêtu de rouge. Au contraire, il est décrit comme un ange déchu, comme “le Prince de ce monde” dont le travail est de nous dire qu’il n’y a pas d’autre monde. Sa logique est simple : s’il n’y a pas de paradis, il n’y a pas d’enfer. S’il n’y a pas d’enfer, il n’y a pas de péché. S’il n’y a pas de péché, il n’y a pas de jugement, et s’il n’y a pas de jugement, le mal est bien et le bien est mal.

Mais au-delà de ces descriptions, Notre Seigneur nous dit qu’il sera très semblable à Lui, qu’il trompera même les élus (...).

Comment entrera-t-il dans cette nouvelle ère pour nous convaincre de suivre son culte ? Il se déguisera en Grand Humanitaire : il parlera de paix, de prospérité et d’abondance non pas comme un moyen pour nous conduire à Dieu, mais comme une fin en soi. Il écrira des livres sur une nouvelle idée de Dieu adaptée aux modes de vie des gens. (...) Il expliquera psychologiquement la culpabilité en termes de sexe réprimé ; il plongera les hommes dans la honte si les autres hommes leur disent qu’ils ne sont pas ouverts et libéraux. Il identifiera la tolérance avec l’indifférence vers ce qui est bien et ce qui est mal. Il encouragera les divorces avec la tromperie selon laquelle une nouvelle union est “vitale”. (...) Il invoquera la religion pour détruire la religion. Il parlera même du Christ et dira qu’il était le plus grand homme qui eût jamais vécu. Il dira que sa mission est de libérer les hommes de l’esclavage de superstition et du fascisme qu’il se gardera de jamais définir.

Mais au milieu de son amour apparent pour l’humanité et de son discours de liberté et d’égalité, il aura un grand secret qu’il ne révélera à personne : il ne croira pas en Dieu. Puisque sa religion sera la fraternité sans la paternité de Dieu, il trompera même les élus. Il établira une contre-église qui singera l’Eglise parce que lui, le diable, singe Dieu. Elle sera le corps mystique de l’Antéchrist et, sur le plan extérieur, elle rappellera l’Église comme corps mystique du Christ. Dans un besoin désespéré de Dieu, il incitera l’homme moderne, dans sa solitude et sa frustration, à mourir du désir de faire partie de sa communauté, laquelle lui donnera un but plus grand sans avoir besoin de correction personnelle ou d’admettre sa propre culpabilité.

(...) Puisque les signes de notre temps indiquent une bataille entre absolus, nous pouvons nous attendre à ce que le futur soit un temps d’épreuve, pour deux raisons.

Tout d’abord, pour que la désintégration s’arrête. (...) Dieu ne permettra pas que l’injustice devienne éternelle. Il permet aux révoltes, à la désintégration et au chaos de se produire pour nous rappeler que nos pensées étaient fausses et que nos désirs étaient impies. (...) Le chaos de notre temps est l’argument négatif le plus fort qui puisse être utilisé par le christianisme. La catastrophe révèle que le mal se vainc lui-même et que nous ne pouvons pas détourner le regard de Dieu, comme nous l’avons fait, sans nous faire du mal à nous-mêmes.

La deuxième raison pour laquelle une crise devra survenir, c’est pour prévenir une identification erronée entre l’Eglise et le monde. Notre Seigneur a compris que ceux qui sont ses disciples sont différents en esprit de ceux qui ne le sont pas. Mais cette ligne de démarcation a été brouillée. Au lieu du noir et blanc, il n’y a qu’une nuance. La médiocrité et le compromis caractérisent la vie de nombreux chrétiens. Ils lisent les mêmes romans que les païens modernes, éduquent leurs enfants de la même manière athée, écoutent les mêmes commentateurs qui n’ont d’autre critère que de juger le présent à partir du passé et l’avenir à partir du présent ; ils permettent aux coutumes païennes comme le divorce et le second mariage de se glisser dans leurs familles (...) Nous influençons le monde moins que le monde ne nous influence. Il n’y a plus de diversité. Nous qui avons été envoyés pour fonder un hôpital avons été infectés par la maladie, et avons donc perdu le pouvoir de guérir. Et comme l’or est mélangé à un alliage, tout doit être jeté dans le four pour que les déchets soient brûlés.

(...) Nous diminuerons en nombre, mais nous augmenterons en qualité. Ce n’est pas pour l’Eglise que nous craignons, mais pour le monde. Nous tremblons non pas parce que Dieu pourrait être jeté du trône, mais parce que la barbarie pourrait régner. »



01/09/2020
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