A propos du citoyen Ravel
Le citoyen Ravel n'est autre que l'archevêque de Strasbourg, qui a fait savoir "en tant que citoyen" pour qui il allait voter au deuxième tour de l'élection présidentielle.
"En tant que citoyen", vraiment ? Mais si personne ne savait qu'il est archevêque, cette déclaration n'aurait aucun intérêt. Or tout le monde le sait. Il y a donc là un manquement à la loi de l'Eglise. Après avoir cité le texte exprimant le mieux cette loi, je vous proposerai un modèle de lettre dont vous pourrez vous inspirer pour écrire vous-même à votre évêque, avec copie au nonce apostolique et au président de la conférence des évêques.
TEXTE DE L'EGLISE CATHOLIQUE
CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ
DIRECTOIRE POUR LE MINISTÈRE ET LA VIE DES PRÊTRES Engagement politique et social 44. Le prêtre, serviteur de l’Église qui par son universalité et sa catholicité ne peut se lier à aucune contingence historique, se tiendra au-dessus de tout parti politique. Il ne peut pas prendre une part active dans des partis politiques ou dans la direction d’associations syndicales, sauf si, d’après le jugement de l’autorité ecclésiastique compétente, la défense des droits de l’Église et la promotion du bien commun le requièrent. [180] En effet, ces fonctions, tout en étant bonnes en elles-mêmes sont cependant étrangères à l’état clérical, puisqu’elles peuvent constituer un grave danger de rupture de la communion ecclésiale. [181] Comme Jésus (cf. Jn 6, 15ss.), le prêtre « doit renoncer à toute forme active d’engagement politique, spécialement quand celle-ci est partisane, comme cela survient presque inévitablement, pour demeurer l’homme de tous en vue de la fraternité spirituelle ». [182] Aussi, chaque fidèle doit toujours pouvoir accéder au prêtre sans se sentir exclu pour quelque raison que ce soit. Le prêtre se souviendra « qu’il n’appartient pas aux Pasteurs de l’Église d’intervenir directement dans la construction politique et dans l’organisation de la vie sociale. Cette tâche fait partie de la vocation des fidèles laïcs, agissant de leur propre initiative avec leurs concitoyens ». [183] Toutefois, il ne manquera pas, en suivant les indications du Magistère, de s’appliquer « à l’effort de former correctement leur conscience ». [184] Le prêtre exerce donc une responsabilité particulière pour expliquer, promouvoir et, si besoin en était, pour défendre – toujours en suivant les orientations du droit et du Magistère de l’Église – les vérités religieuses et morales, également face à l’opinion publique et même, s’il possède la préparation spécifique nécessaire, dans les moyens de communication de masse. Dans une culture toujours plus sécularisée où la religion est souvent négligée ou considérée comme insignifiante, ou même, sans pas droit de cité dans le débat social et tout au plus reléguée à l’intimité des consciences, le prêtre est appelé à soutenir le sens public et communautaire de la foi chrétienne, en la transmettant de manière claire et convaincante en toute occasion, « à temps et à contretemps » (2Tim 4,2) et en tenant compte du patrimoine d’enseignements de la Doctrine sociale de l’Église. Le Compendium de la doctrine sociale de l’Église constitue un instrument efficace qui l’aidera à présenter cet enseignement social et à en montrer toute la richesse dans le contexte culturel contemporain. La réduction de la mission sacerdotale à des charges temporelles, purement sociales ou politiques ou de toute façon étrangères à son identité, n’est pas une conquête mais une perte très grave pour la fécondité évangélique de l’Église tout entière. |
[180] Cf. C.I.C. can. 287 §2 ; Congrégation pour le Clergé, Décr. Quidame Episcopi (8 mars 1982), AAS 74 (1982), 642-645.
[181] Cf. Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, Guide pastoral pour les prêtres diocésains des Églises dépendant de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples, 9 : l.c., 1604-1607; Congrégation pour le Clergé, Décr. Quidame Episcopi (8 mars 1982), AAS 74 (1982), 642-645.
[182] Jean-Paul II, Audience générale (21 juillet 1993), 3 : Enseignements XVI/2, 109-110; Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Constitution past. Gaudium et spes, 43 ; Synode des Évêques, Document sur le sacerdoce ministériel Ultimis temporibus (30 novembre 1971), II, I, 2 : l.c., 912-93 ; C.I.C. can. 285 §3 ; 287 §1.
[183] Catéchisme de l’Église Catholique, 2442 ; C.I.C. can. 227.
[184] Synode des Évêques, Document sur le sacerdoce ministériel Ultimis temporibus (30 novembre 1971), II, I, 2 : l.c., 913.
ÉLÉMENTS POUR UNE LETTRE A VOTRE EVÊQUE
Monseigneur,
Je suis très défavorablement impressionné par la déclaration de Monseigneur Ravel, qui a indiqué pour qui il votera dimanche à l’élection présidentielle.
C’est un manquement grave à la loi de l’Église, parfaitement rappelée et expliquée au paragraphe 44 du Directoire sur le ministère et la vie des prêtres.
Je demande donc que Monseigneur Ravel soit lourdement sanctionné.
S’il ne l’était pas, alors on devrait considérer que ces dispositions canoniques de l’Église ne s’appliquent plus dans l’Église en France. Dès lors chaque prêtre pourra, à l’avenir, dire haut et fort pour quel candidat il va voter. Cela ne peut que diviser. Et ce serait un comble puisque cet archevêque prétend voter pour un candidat davantage capable de « fédérer ».
Je vous prie d’agréer, Monseigneur, l’expression de tous mes sentiments filiaux.
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