14 Juillet : honte de la république
On le sait, notre fête nationale n’est pas l’anniversaire de la prise de la Bastille, mais celui de la fête de la Fédération. Cependant on avait choisi pour cette fête le premier anniversaire de la prise de la Bastille, donc examinons si cet évènement est bien digne d’être magnifié.
Nous avons tous en tête les images de nos livres d’histoire de l’école primaire, représentant l’évènement : une tour altière, austère, dominante, grise et sombre, bien faite pour symboliser la morgue, l’autoritarisme et la tyrannie. Alentour, sur ces mêmes images, une foule populaire, à la fois en rage et exaltée.
Disons-le tout de suite, ce fait n’a rien de glorieux : la Bastille, en 1789, n’avait plus aucune valeur militaire, et n’en avait peut-être même jamais eu. L’édifice avait été construit de 1370 à 1383. Il devait être très haut, pour que les assauts soient très difficiles ; mais en 1250 est fabriqué le premier canon, dont l’usage se généralisera au cours du XIVème siècle, ce qui rend obsolètes les fortifications trop hautes qui s’effondraient facilement durant les bombardements : peu à peu on en viendra à des murs larges à leur base et ce fut Vauban, bien plus tard, qui en tira les meilleures conclusions. Bref, au cours de sa construction, la Bastille perdait l’intérêt qu’on y avait vu en la concevant.
Quand le peuple s’amasse auprès de la forteresse périmée, en ce 14 juillet 1789, sa garnison n’est que de 82 invalides et 32 grenadiers ; il n’y a que sept détenus : quatre faussaires, deux fous et un noble incestueux. Le gouverneur a-t-il pensé résister jusqu’à l’arrivée de renforts en faisant tirer sur la foule ? On ne le sait pas Quand il voit que la foule apporte des canons, il sait que toute résistance est vaine : il ignore ce qui se passe en ville et d’où viennent les canons. Il doit rendre la forteresse ; il le fait contre promesse de la vie sauve pour lui et ses subordonnés. Cependant, alors que les négociations sont encore en cours et traînent en longueur, la foule envahit la place : les gardes tirent et la populace se croit trahie, et c’est le massacre. Il y a donc bien eu non-respect de la parole donnée, même si cela n’avait pas été acté, du fait de l’indiscipline de la populace.
Voilà donc le haut fait qu’on veut nous faire célébrer. Voilà l’origine des valeurs de la République : l’ennemi n’a aucun droit, sauf ce que le rapport de force oblige à lui reconnaître. En sacralisant cet évènement, la république se déshonore. On a pu dire qu'en mai 68 on a pris la parole comme en 89 on avait pris la Bastille : dans les deux cas on a libéré malhonnêteté, vice et folie
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